Tout commença par un pas de danse..

P · Prince des Voleurs

Magnifique dans sa simple légèreté. Elle tourne, tourne et tourne encore. Sa robe fine et violette virevolte autour d'elle avec une grâce infinie. Elle jette ses bras en l'air, envoyant en image dans le ciel des milliers de paillettes que je regarde envouté scintiller devant mes yeux. Avec une souplesse simple et parfaite, elle se replie un peu sur elle même avant d'entamer une nouvelle ronde entre les statues. Il commence à être tard et le ciel lui même semble célébrer sa danse en se couchant, illuminant le ciel d'ambre et de pourpre, se reflétant dans les gerbes de gouttelettes d'eau flamboyantes planant par la magie des jets d'eau au dessus de nos têtes.

Elle se balade, que dis-je, elle glisse avec une harmonie qui lui est propre, entre celles qu'ont appellent les Fontaines du Destin, dont elle éclipse la beauté. Son sourire est si franc et si délicieusement beau qu'il se reflète jusque dans mes yeux sombre, qu'il fait briller tels des diamants. Et mes yeux ne trahissent que trop bien mes pensées. Je suis en admiration totale devant cette étoile noire, ce joyaux du crépuscule qui dans les miasmes obscures d'Ashgabad la Criminelle a su plus que personne refléter la beauté de l'espoir et de la liberté. Elle est belle dans sa tenue frivole. Elle est belle avec ses perles et ses bijoux mettant en valeur les courbes parfaites de son corps.

Elle me regarde. Et ce regard me fait fondre. Ce regard qui dis "Je t'aime.." Ce regard qui me captive et me libère. Ce regard unique de ceux qui connaissent le Bonheur. Je lui rend son sourire et ne la quitte des yeux alors qu'elle tire sa révérence, attirant par ce geste même un véritable tonnerre d'applaudissement. Elle n'était pas seul à danser aujourd'hui entre les Fontaines du Destins. Elles étaient des dizaines aujourd'hui à venir célébrer par leur danse le matin du Printemps. Elles venaient de toute la ville, de toutes les classes, illuminer la place. Et pourtant à mes yeux, il n'existait qu'elle. Elle avait éclipsé toutes les autres.

En cet instant, j'ai oublié ma vie. J'ai oublié mes préoccupations, mes devoirs et même qui j'étais. J'ai vécu un rêve éveillé fait de paillettes et de contes. Cet instant est passé. Elle disparait avec les autres, dans le mouvement de la foule. Mon sourire est passé de réel à rictus. Je ferme les yeux et secoue lentement la tête. Quand je les rouvre, ce 'est que pour qu'ils se perdent dans le vide du flot humain qui m'entoure. Je reste ainsi longtemps, contemplant le néant.

Je pense à tout et à rien, à l'évolution de ma vie, à la précarité de ma situation, à mon avenir. Toutes ces choses qui ne tournent pas rond sont néanmoins contre balancées par l'ardeur que mes amis ont à me remonter le moral. Dalil, avec son franc parler, par exemple.. Ou Sawsen, dans des jours comme celui-ci, qui savait mieux que personne le rappeler à la vie. Celle-ci, ces derniers temps, m'ennuyait un peu, stagnait et semblait décidée à ne pas évoluer. Je manquais de défis, je manquais du véritable but. Toute richesse en cette ville était à ma portée, l'amour me souriait et l'amitié me tendait les bras, que pouvais-je bien chercher d'autre ?

J'étais tranquille, barbotant seul dans mes pensées, en somme. Cependant, c'est bien ce moment là que choisit quelqu'un pour me sortir de ma rêverie. Je tournais donc longuement la tête en direction de la voix, me sortant de mes songes pour découvrir incessamment qui venait de parler.