Ashgabad
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 Visite Coutumière

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Shahbaz Faraz

Shahbaz Faraz

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MessageSujet: Visite Coutumière   Visite Coutumière EmptyVen 24 Sep 2010, 17:50

    Combien m'avait-il fallut de jours pour mettre à terme cette mission ? Deux, peut-être trois, je ne me souviens déjà plus. La mission était banale, et depuis maintenant deux ans, elle était commune aux autres. Mes recommandations ? Voler une pierre précieuse, rester en vie, revenir au palais de Nastran. C'était là les seules règles qui m'étaient imposées, peu importe la manière avec laquelle je procédais, tout ce qui importait, c'était simplement le résultat. Le vol en lui-même avait été des plus simples, bizarrement, aucune méfiance ne semblait animer les personnes que je devais voler. Cela dit, les renforts furent rapidement déployés une fois la rumeur d'un vol répandue... Il m'a fallut courir pour leur échapper, mais là aussi, c'était une routine pour moi : chaparder puis me réfugier sur les toits et y courir avec une facilité déconcertante. Mes muscles me permettaient de tenir longtemps la course, ils me permettaient aussi de longues foulées, et de hauts sauts. La partie la plus dure restait la même : fuir et échapper aux gardes furieux d'avoir été trompés. Arme en main pour certains ou attachée à la ceinture pour d'autres, c'est en cheval qu'ils m'avaient poursuivi, mais ils s'étaient fourvoyés. J'étais parti à l'opposé, là où le désert s'étend, là où ne règne que la mort et l'agonie...

    Les moments les plus pénibles n'étaient pas les jours à étudier les failles, ni même les courses poursuites. Ce qui était le plus éreintant, c'était de traverser le désert à pied, me rendant d'un point à un autre et ceci, en comptant sur la simple force de mes jambes. J'aurais pu prendre un cheval ou même un chameau, que sais-je, un animal capable de supporter mon poids et me permettant de me rendre plus rapidement sur les lieux clés... Mais ces mêmes animaux étaient susceptibles d'être repérés, à croire que je n'avais confiance qu'en mes capacités, ce qui n'était pas tout à fait faux. Une longue marche à travers le désert s'en suivit alors. Le soleil cognait et quelques gouttelettes de sueur commençaient à perler sur mon front, mais aussi sur mon torse partiellement dénudé. J'étais habitué aux humeurs changeantes du soleil, et sa chaleur ne me troublait presque plus... Cela dit, je ne pouvais empêcher la soif de me hanter, il était, d'ailleurs, inutile de préciser qu'en dépit d'une économie des ressources, ma gourde était à sec. Par chance, une ombre se profilait au loin, l'ombre d'un palais moyen qui abritait tout un monde. Passer par les portes était maintenant chose facile : les gardes me connaissaient ; pas comme la première fois. Pourtant, les choses faciles n'étaient pas pour moi et c'était un véritable protocole que de chercher à tromper leur surveillance... Un amusement qui leur déplaisait pour une raison qui me dépasse, d'ailleurs...

    Cette fois-ci, j'avais pris d'assaut à moi seul la partie Est de la forteresse. Il y a quelques minutes, j'étais encore affaibli par ma marche dans le désert, et pourtant ici, je retrouvais toute mon énergie à grimper contre une paroi de pierre : l'ombre suffisait à me reposer un peu. En quelques minutes, j'étais à l'intérieur du domaine de la famille de Nastran et par habitude, je détaillais les environs. Rester discret n'était plus nécessaire, pourtant je le faisais, inconsciemment. Les jardins qui régnaient en ce palais étaient des plus splendides, malgré mes nombreux voyages, je n'avais rien vu d'aussi agréable, aussi bien visuellement que physiquement... Il s'en dégageait une sérénité délicate qui me reposait à chacun de mes retours. La fatigue s'envolait presque en profitant du silence rassurant qui y existait, les soucis s'estompaient également. Même après deux ans, j'avais toujours un réflexe idiot : contempler les jardins et chercher à y déceler une présence inhabituelle... Bien évidemment, je me heurtais systématiquement à une désillusion, Nastran ne sortait pas de sa chambre, pourquoi viendrait-elle se perdre dans ses propres jardins ? Une déception quotidienne, à moitié cachée à chaque fois. Mes yeux se portaient souvent sur la fenêtre de sa chambre, close et voilée. Rien n'avait changé pendant mon absence ; quelque part, c'était rassurant.

    Mes sandales foulèrent à nouveau le sol et m'amenèrent à travers des couloirs qui n'étaient plus inconnus depuis longtemps. A partir de l'instant où Nastran m'avait employé à son service, j'avais fait le tour de ce bâtiment, et tous les couloirs, toutes les pièces étaient inscrits en ma mémoire. Celle dans laquelle je me rendais le plus fréquemment était toutefois la seconde que j'avais visité après la salle aux trésors, baptisée officiellement " Salle des objets magiques ". Une sorte de réserve où la plupart des objets que je volais, finissaient entassés parmi d'autres. Aujourd'hui encore j'ai un peu de mal à trouver une raison à ma présence en ces lieux... Elle avait voulu louer mes services et pourtant, obéir à quelqu'un n'était pas quelque chose qui m'enchantait, loin de là. Pour elle, c'était différent cela dit. Elle m'avait sauvé d'une mort certaine - même si je rechignais à me l'avouer -, ainsi, j'avais une dette envers elle... Mais étant donné le nombre d'objets que j'avais bien pu lui rapporter en deux ans, ma dette était payée en mon sens. Il était étonnant de voir que je ne parvenais pas à me lasser des travaux qu'elle pouvait bien me demander. Et puis j'avais appris à m'attacher à elle, aussi mystérieuse soit-elle.

    La décoration de sa chambre n'avait pas changé, le silence y régnait en maître et les habitudes n'étaient pas bousculées. Le bruit de la porte se refermant après mon entrée fut le seul son capable de troubler un silence installé depuis trop longtemps selon moi. Sa silhouette se dessinait toujours derrière un rideau presque opaque, une petite table se trouvait toujours devant elle, attendant sagement de supporter l'objet qu'elle lui avait demandé de voler. Mon premier geste fut, comme d'habitude, de retirer mon turban pour libérer mes mèches brunes, les laissant retomber partiellement sur mon visage. Je n'étais pas vraiment coiffé, mais il faut avouer que, étant donné l'état dans lequel je me présentais à elle, l'allure de ma chevelure n'était pas le plus important. Machinalement, ma main gauche se porta à ma sacoche alors que la droite s'emparait de mon arme. L'habitude voulait que je pose l'objet volé sur la table, la dague avec... Elle devait savoir que je ne lui voulait aucun mal, mon arme ne lui était pas destinée ; cela dit, je n'en avais pas vraiment l'utilité en ces lieux non plus, alors autant la poser. Le tintement de l'arme sur le bois de la table fut léger, et troubla à nouveau un silence trop insistant, puis le tissus de toile noire s'y posa également en un tintement similaire. Négligemment et en quelques coups de mains, le tissus se déplia, laissant apparaître la pierre qu'elle désirait.

    Quant à moi... Moi, j'étais déjà de l'autre côté du rideau, à ses côtés. Je m'étais permis cette grande avancée depuis quelques mois, la rejoindre de l'autre côté était un rapprochement minime, mais je m'en contentais. Certes, elle avait un masque, mais au moins je pouvais mettre un peu de couleur à son ombre. De rares et d'infimes progrès, pourtant, lorsqu'ils avaient lieu, c'était pour moi un régale. Mais, comme à mon habitude, je ne m'en contentais pas : je voulais voir son visage... Et j'attendais impatiemment le jour où son masque pourrait se défaire lentement, laissant respirer sa peau et me laissant contempler son minois. Un bref soupir m'échappa alors que je m'asseyais non loin d'elle, en tailleur. Ma main gauche vint frotter un temps ma nuque alors que je fermais les yeux, un air un peu grimaçant. La fatigue me reprenait, après tout je n'avais dormi que bien peu pendant cette mission ; sans compter le voyage éreintant. Mes muscles me faisaient un peu souffrir, ils réclamaient du repos ; cela dit, je n'avais pas encore le temps pour ça. Ma main retomba lourdement sur mes jambes et mon regard se porta sur la pierre posée sur la table. Je retins de justesse un bâillement alors que mon visage se tournait vers elle. J'étais souriant, comme toujours à ses côtés - quoiqu'il m'arrivait aussi d'être un peu plus rude : les traits tirés, les lèvres inexorablement tombantes, les sourcils anormalement froncés. Cette allure, c'était, bien souvent, lorsque les doutes m'assaillaient, lorsque son visage masqué devenait un peu trop dur à supporter. Dans ce cas, je devenais plus ou moins désagréable et un certain chantage s'installait entre elle et moi. Elle était, toutefois, particulièrement dure en affaire, et je ne gagnais que rarement - tellement rarement que "jamais" serait plus approprié -, voilà de quoi rabaisser mon égo illimité.

    - Voilà l'objet de tes attentes, Nastran... Je le pense en tout cas, mais si ce n'est pas ce que tu désirais, j'y retournerai... Ce n'est pas les objets de valeurs qui manquent, là-bas... Et puis le vol a été tout particulièrement simple.

    Parcourant l'alcôve du regard, mes yeux se portèrent à nouveau sur mon turban plein de sable. C'est alors que mon état négligé me revint en mémoire. Je n'étais absolument pas digne de me présenter à elle, d'ailleurs, on ne manquerait pas de me le rappeler si je me faisais prendre en sa compagnie. C'est peut-être aussi pour cette raison que je n'aimais pas passer par les portes et ainsi me faire remarquer. Alors, on m'obligeait à prendre un bain et à être présentable face à elle. La chose en elle-même ne me dérangeait pas, j'avais simplement une fâcheuse tendance à vouloir mettre fin à mes missions le plus rapidement possible. Qu'importe qu'un bain me fasse perdre une heure, j'avais comme l'impression que cette heure m'était précieuse... Cela dit, j'avoue que vis-à-vis d'elle, un bain n'aurait sans doute pas été de trop. J'étais sans doute couvert de sable, et ma peau était peut-être plus foncée que ce qu'elle était au naturel. Ce constat, aussi bénin soit-il, me fit un peu rire avant que ma main droite ne se mette à frotter faiblement l'une de mes joues, se heurtant ainsi à une barbe naissante déjà trop longue à mon goût.

    - J'espère que tu auras la gentillesse de pardonner mon état... Te montrer la pierre était une priorité.
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Nastran Shams-Sabah

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MessageSujet: Re: Visite Coutumière   Visite Coutumière EmptySam 25 Sep 2010, 02:20


  • Comme chaque fois qu'elle envoyait Shahbaz en mission, elle avait un rituel. Elle allumait une lampe à l'huile. La plus belle bien sûre, pas une vieille toute moche que l'on utilise plus. Depuis deux ans elle paraissait encore neuve. L'objet était de couleur bronze et de fins ornements la décoraient. Ils avaient une signification et un pouvoir ; celui d'indiquer si la personne pour qui elle est allumée est en bonne santé. Si la flamme est assez grande, elle va bien, plus petite, elle est blessée, moyennement grande et jaune, elle est malade, et d'autres codes encore. C'est ainsi que parfois, elle s'inquiétait, précisément lors de la traversée du désert où le feu perdait de l'envergure. Pourtant la magicienne savait son parcours, mais si par mégarde un scorpion le piquait, ou qu'il s'évanouissait, devenant la charogne des rapaces ? Alors elle s'inquiétait, sans savoir ce qu'elle redoutait le plus ; perdre l'objet ou le perdre, lui ?


  • Cela faisait trois jours qu'il s'en était allé. Elle ne l'avait pas envoyé trop loin et la flamme était restée constante. C'était rassurant, elle allait bientôt recevoir son nouveau jouet : un Rubis de Vertus. Pour que sa magie opère, il faut le faire tremper trois jours non consécutifs au soleil dans de l'eau de préférence. Le liquide sera teinté d'un rouge sang, et à partir de cela on peut confectionner diverses potions. Hélas, cette pierre n'était pas rechargeable, alors interdiction d'en faire n'importe quoi. Une fois les pouvoirs déversés, ils sont irrécupérable. Il n'empêche que les alchimistes étudient le rubis plein et vide. Comme la plupart des reliques qu'elle possédait, elle ignorait ce qu'elle allait en faire, jusqu'au jour où elle en aurait besoin - sa mémoire était vaste.


  • Le soleil atteignait le zénith ; Shahbaz n'allait pas tarder. Ce matin elle avait vu la lampe, la flamme avait rapetissée. Il était au désert à ce moment, Nastran en était certaine. Elle quitta la bibliothèque pour aller dans sa chambre, sans doute la salle la plus simple de tout le palais. On ne pouvait pas comparer avec la volière géante, ni avec la forêt intérieure, ou bien la chambre des étoiles. L'architecture devenait un art mirifique au sein du palais Shams-Sabah, à la limite de la magie tant les illusions étaient troublantes. Ces pièces, le voleur les avait déjà visitées, sans elle cela va de soit. Il connaissait l'emplacement de chacune et reconnaissait immédiatement si il y en avait une nouvelle.


  • La magicienne n'était pas banale en son genre, toujours pleines d'idées étranges. Ceux qui travaillaient avec elle voyaient leur crainte baisser ainsi qu'une nouvelle occasion d'exprimer au mieux leur talent, de le pousser jusqu'au bout. Ils étaient en réalité heureux qu'elles les aient engagés, le fait qu'elle soit un monstre ne les effrayait plus. Ils se posaient des questions mais ils préféraient garder le silence. Leur peur était toujours là, tassée mais bien présente.


  • Partout, des domestiques la saluent. Pas très longtemps, ils sentent qu'ils la dérangent. Nastran est comme ça, elle se montre en se cachant. . . Pourtant elle arrête une servante. Celle-ci ne la regarde pas dans les yeux. Craintive, elle espère ne pas avoir déplu à sa maîtresse. Combien de fois cela est arrivé ? Un grain de sel en trop ; le cuisinier est viré. Une tache limite invisible ; la blanchisseuse s'en va. Un objet n'est pas rangé exactement à sa place ; au revoir, femme de chambre. A n'importe quel moment, la jeune femme pouvait se défaire des services déplaisants de l'incapable en moins de temps qu'il n'en faut pour l'engager. C'était à la fois de la chance et de la poisse que de travailler pour la magicienne. On aurait dit qu'elle repérait les erreurs des lieues à la ronde ! De quoi dérouter le personnel. Revenons-en à la petite terrifiée par la terrible Nastran.

    « Nastran a besoin d'eau très fraîche, du thé également, et des cornes de gazelles.
    - D'accord madame. »


    Les épaules de la servante retombèrent une fois la pression alléger, mais la jeune femme se manifesta à nouveau :

    « Le thé doit être à la menthe. »

    La voilà devant sa porte. Elle entra dans sa chambre qui paraissait très grande par le manque de mobilier. Juste une armoire, une table et un divan. Elle n'avait besoin de rien d'autre. Pas de coiffeuse, pas de miroir, ni de ce qu'ont les Dames pour se faire belles.
    Nastran souleva le rideau, prenant place dans la niche. Déjà, il y avait plus à voir. Un lit à baldaquin, toujours paré d'orange, un sofa, plusieurs coussins épars près de lui, en dessous un tapis moelleux, le tout de couleurs chatoyantes. Sur la table de chevet il y avait un masque inachevé, plusieurs bobines de fil, des accessoires divers. Sur un piédestal la lampe irradiait plus que tout à l'heure, signifiant que Shahbaz était bientôt arrivé. Rien à voir avec ce qu'il y avait de l'autre côté. Elle-même d'ailleurs ne revêtait que des vêtements assez colorés, comme en ce jour. Son caftan de soie rouge grenat était resséré à la taille par une ceinture bleue très foncée. Le masque qu'elle portait était simple, blanc, rehaussé de quelques traits colorés seulement. A peine fut-elle assise sur son lit qu'on lui apporta sa commande. Le plateau fut déposé sur une table basse, là où était la jeune femme.


    Depuis quelques minutes Nastran avait repris son ouvrage, patientant tranquillement, à la fois pressée. Cette attente fut coupée par l'arrivée du voleur. Il avait esquivé sa garde, ce qui ne l'étonnait plus. Jouer à cache-cache dans sa demeure était une de ses activités. Elle ne lui en voulait pas d'avoir échappé aux mains expertes des baigneuses - étant donné qu'elles ne touchaient jamais personnes.
    Shahbaz était habitué depuis longtemps. Il pouvait entrer plus armé que ses gardes qu'elle n'y redirait rien, seulement il posa comme toujours son arme, une simple dague qui devenait vite un danger dans les mains du voleur. Il lui remit également l'objet qu'elle convoitait. Qu'elle avait hâte de l'essayer ! Pour quoi faire ensuite, elle ne le savait pas, mais il la lui avait apportée.
    Le jeune homme s'installa, poussa un bref soupir auquel elle n'accorda que peu d'attention. Il ne s'était pas reposé avant de venir ici, ça n'avait pas de quoi la surprendre. D'ailleurs il avait encore un peu de sable sur lui, mais depuis quant cela importait ? Entre eux, ce n'était rien. Il souriait, et il faut bien admettre que Nastran préférait le voir ainsi. Par moment il faisait sa tête de cochon, de plus elle s'y mettait alors cela n'arrangeait rien. Il avait des arguments, elle en avait autant, et cela se finissait parfois en dispute. Malgré tout, leurs petite batailles n'avaient rien d'éternel.
    Le jeune homme lui assura que si elle le voulait, il irait chercher une autre pierre au cas où il se serait trompé. La magicienne acquiesça, puis elle dit de sa petite voix :


    « Nastran est satisfaite et te remercie. »

    Ce n'est que maintenant qu'il se rendit compte de son état, pas présentable du tout, bien que cela ne dérangeait pas Nastran. Elle rit, malgré elle faisait attention à l'apparence du voleur.

    « Tu sais très bien que Nastran te trouves beau, même si tu échappes à la vigilance de son palais. Repose-toi un peu, dit-elle en désignant les sucreries, l'eau et le thé. »

    Elle se préparait toujours à ce qu'il file entre les mailles resserrées de sa garde. Tandis qu'il reprenait quelques forces, la jeune femme avait pour habitude de le questionner sur l'extérieur. Un autre monde pour elle, une dimension tout à fait inconnue, si ce n'est qu'elle lisait beaucoup à ce sujet. Des choses qui peuvent ne pas avoir d'importances pour certains, ou sont complètement stupides.

    « Lorsque le soleil colore ainsi ta peau, ressens-tu de la douleur ? »

    Shahbaz ne s'offusqua pas. Cette interrogation n'était pas nouvelle dans son genre. Et elle en avait d'autres comme ça, parfois elle lui reposait les même, surprise de la réponse.
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Shahbaz Faraz

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MessageSujet: Re: Visite Coutumière   Visite Coutumière EmptyDim 26 Sep 2010, 00:22

    C'était étrange, je ne savais que bien peu de choses de Nastran. Elle était magicienne et vivait à l'écart, c'est là tout ce que je savais d'elle, globalement. J'avais eu l'occasion, depuis deux ans, de l'observer peut-être un peu plus que les autres car elle arrivait à me supporter, pourtant j'étais de loin l'homme le plus complexe à son service. Par complexe, s'entendait surtout mon côté indépendant et un peu direct. Un côté familier qui n'était pas digne d'une "Princesse" telle qu'elle. Elle méritait mieux que moi, et pourtant... Mes diverses observations m'avaient alors permis d'étudier un peu mieux son comportement, de voir son quotidien, mais rien de bien précis. D'ordinaire, j'arrivais à cerner les personnes assez rapidement, pourtant pour cette petite magicienne, c'était différent. En deux longues années, j'avais tout juste réalisé l'ébauche d'un croquis, à son propos.

    Malgré cette ombre mystérieuse planant constamment au-dessus d'elle, j'avais su détecter quelques rituels précis, n'apparaissant qu'à de rares moments. Par exemple : elle avait à ses côtés, dans cette chambre aménagée, une petite lampe à huile, de bronze. Elle avait une apparence fort agréable et je la trouvais assez jolie. Lorsque je revenais de mission, elle était systématiquement allumée ; et pourtant à chaque fois que je partais, elle était éteinte. Était-ce là un moyen de prier ? Peut-être était-ce autre chose et mes idées vagabondaient un peu trop loin, espérant, sans doute. Tout en parlant et en l'écoutant en retour, mes yeux parcouraient sa chambre que je connaissais déjà par cœur. Très peu de modifications y étaient apportées, mais le moindre objet déplacé ne passait pas inaperçu. En effet, puisque je n'avais pas à remarquer les changements quant à son maquillage, sa coiffure ou ses tenues, je me contentais de son mobilier. C'était une autre façon de m'intéresser à elle, une façon un peu à part et bien moins précise... Mais il fallait bien improviser.

    A l'entrée de la chambre - dans la première partie, dirons-nous -, la pièce était assez simple et semblait spacieuse : pur effet d'optique, c'était simplement l'absence de meubles qui donnait une telle impression. Fatalement, une simple armoire, une table et un divan ne prenaient que bien peu de place. Derrière le rideau, dans sa chambre à proprement parler, la pièce était plus colorée et bien plus agréable. La première partie de la pièce était si simple qu'elle en devenait presque glauque, vétuste même, tant les murs ne supportaient aucune décoration, tant le sol demeurait brut. C'était peut-être là, un moyen de préserver son image de monstre. Et pourtant... On disait tant d'horreurs à son sujet, alors même que la côtoyer n'était que plaisir. Certes, la demoiselle avait son caractère, mais elle restait néanmoins agréable. Qu'importe, au fond, le faciès qu'elle était susceptible d'avoir, pour moi, la définition d'un monstre n'était pas seulement basée sur l'aspect physique de la personne, mais aussi sur son aspect psychologique. Nastran était loin d'être un monstre.

    Mon regard sombre s'attarda encore sur les tapis, objets et autres accessoires inutiles décorant au moins la pièce dans laquelle elle vivait, avant de se poser sur elle. Elle portait une tenue aussi rouge que le sang et une ceinture sombre, s'approchant du bleu, venait trancher avec son caftan, marquant aussi vaguement sa taille. Le masque qu'elle avait sur le visage était des plus simples : blanc, rehaussé de quelques traits de couleurs afin de donner un peu plus de charme à ce visage de marbre ô combien inexpressif. Son vraie visage pouvait prendre toutes les expressions possibles, jamais son masque ne s'aventurait à le trahir. Éternellement inexpressif, il m'insufflait un souffle de tristesse que je ne pouvais réprimer... Un peu comme s'il y avait deux personnages, et malheureusement : j'étais charmé par un simple masque. Nastran se contenta d'acquiescer à ma première prise de parole avant de me remercier à sa façon.

    Trois jours loin d'un lieu calme et reposant, loin d'un certain confort de vie, m'avaient fait oublier sa façon de s'exprimer... Pourtant cette façon de parler me faisait sourire systématiquement. Loin de moi l'envie de me moquer d'elle, je trouvais simplement cette attitude attachante. Et puis cette voix enfantine lui donnait un charme supplémentaire. Une autre dimension au personnage qui se trouvait déjà face à moi, un personnage aux multiples facettes. Et puis son rire s'échappa de ses lèvres. Le masque en atténua un peu le son mais il demeurait beau. Un son mélodieux et délicat qui me laissait songeur. La voir était quelque chose qui me perturbait, j'en avais besoin depuis deux ans maintenant, et même si de petits progrès avaient lieu, ce n'était pas encore suffisant. Cela dit, l'entendre simplement rire était quelque chose qui me laissait espérer qu'un jour, peut-être...

    Son innocence était parfois telle, que je ne pouvais m'empêcher de rester un moment perplexe ou sceptique quant à ses propos. Elle livrait ses émotions et ses sentiments tels qu'elle les vivait en l'instant... C'était agréable, et puis assez franc. Oui, je savais qu'elle me trouvait beau, notamment parce qu'elle me l'avait déjà dit par le passé et que ce genre de paroles ne s'oubliaient pas facilement... Toutefois je ne me lassais pas de les réentendre. Il n'empêche que ladite beauté n'avait rien à voir avec le soin que je pouvais bien porter à mon corps. De temps à autre, je pourrais au moins faire porter l'objet par un autre et me rendre présentable avant de venir la voir. Enfin... C'était bien trop d'efforts pour très peu de résultats ; après tout, à partir du moment où je lui ramenais l'objet, Nastran n'avait sans doute que faire de mon état. Elle m'invita ensuite à profiter un peu de ce repos passager avant de repartir, et elle désigna distraitement les sucreries présentes devant elle... Je n'avais pas vraiment fin, à dire vrai, j'avais plutôt besoin de dormir, et de boire un peu. Le thé dans le palais de la magicienne était délicieux, et c'était relaxant à un point tel que mes yeux pétillaient presque en voyant simplement les ustensiles nécessaires à sa préparation et à sa dégustation.

    Comme d'habitude, elle avait fait préparer du thé à la menthe et je n'ai pas attendu qu'elle insiste davantage pour me servir. Le liquide fut versé dans une petite tasse et lentement, l'odeur de la menthe se dégagea de ce nectar. Une fragrance des plus agréables, bien qu'elle soit un peu piquante. Le thé savait me relaxer et la menthe réveillait un tantinet mes muscles endoloris. Ce thé était tout ce dont j'avais besoin. Un petit silence s'installa alors que je profitais encore de la tasse entre mes mains. Les yeux clos, la tasse près des lèvres : je me contentais de respirer l'odeur de la menthe à petite dose. Pourtant une question me fut posée, et cette dernière me fit ouvrir les yeux soudainement, étonné. J'avais oublié, un temps, à qui j'avais à faire. Nastran avait pour habitude de me poser de telles questions : c'était quelque chose que je considérais comme normal puisqu'elle ne sortait jamais de sa chambre, ou presque... Cela dit, même avec ça, ce genre de questions me surprenaient toujours. Elle m'avait déjà demandé par le passé si l'astre diurne agressait ma peau. Elle m'avait déjà demandé si j'avais souffert de cette coloration naturelle.

    Une pointe de malice prit place dans mon regard alors que mes lèvres trempaient tout juste dans le liquide parfumé, puis la tasse déclina à nouveau avant de retrouver sa place d'origine. Je n'étais pas sans savoir le teint que j'avais actuellement, pourtant mes yeux bifurquèrent innocemment sur mes bras afin d'en observer la couleur, un sourire étirant mes lèvres en coin. La pointe de malice persista, même si mon regard se tourna vers Nastran. En deux ans, je n'avais même pas vu une toute petite portion de sa peau. Je n'étais pas en mesure de voir si elle était pâle ou si sa peau s'approchait plus ou moins de la mienne... Cela dit, bon nombre de questions se posaient dans ma tête alors qu'elle-même, s'amusait à me présenter de telles interrogations. Encore que, "s'amuser" était loin d'être le terme approprié.

    - Non, ce n'est pas plus douloureux que ça... A dire vrai, je ne sens même pas la différence.

    Je n'étais, cependant, pas le plus doué pour décrire les phénomènes aussi basiques que cela. En fait, je n'avais même pas l'idée d'y prêter attention. Voir que ma peau était plus ou moins foncée m'échappait la plupart du temps, pourtant, elle, elle y faisait attention. Un nouveau sourire étira mes lèvres, plus naturel cette fois, tandis que mes yeux se détournaient enfin de sa silhouette voilée. Alors mon attention se reporta sur la tasse de thé dont le liquide fut englouti en quelques gorgées. Un plaisir doux bien qu'éphémère. Un petit soupir suivit le bruit de la tasse se heurtant encore une fois au support, alors que j'étirais au moins mes bras.

    - Et toi, alors, Nastran ? Qu'as-tu fais pendant ma mission ? Tu as appris d'autres choses... ?

    Je ne comprenais pas toujours ce qu'elle me confiait, après tout, elle était bien plus instruite que moi. Nastran avait les livres et les précepteurs, moi j'avais simplement la ruse et la technique dans un domaine toute autre. Toutefois, même si je n'étais pas en mesure de tout comprendre et de tout enregistrer, l'entendre parler était agréable... Et puis c'était au moins intéressant. Sa vie n'était pas des plus captivantes et elle ne m'aurait nullement convenu, pourtant, elle, elle pouvait s'instruire. Au fond, c'était peut-être quelque chose qui me manquait. J'aimais beaucoup les légendes et les contes ; certains m'avaient été racontés et, parce que la lecture était un art que je n'avais eu la chance d'appréhender, j'avais mis un point d'honneur à les retenir. Cela dit, tant d'autres légendes devaient exister, des légendes qui m'étaient inconnues et qui le resteraient sans doute à jamais... Elle avait au moins cet avantage sur moi. Pourtant, les contes et légendes ne valent pas la liberté. En mon sens, en tout cas. Ma silhouette se redressa encore, avant de passer à travers les rideaux une nouvelle fois, rejoignant ainsi l'autre partie de sa chambre. Lascivement, ma main droite s'empara de l'arme posée sur la table avant de jouer un peu avec... Il faudrait, d'ailleurs, que je l'aiguise d'ici peu. Un moment, mes yeux allèrent de la pierre à son ombre, et inversement avant que, finalement, mon autre main ne s'en saisisse, orientant le rubis de diverses manières.

    - Et cette pierre, à quoi va-t-elle te servir... ?
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Nastran Shams-Sabah

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MessageSujet: Re: Visite Coutumière   Visite Coutumière EmptyDim 26 Sep 2010, 12:49

  • Le voleur faisait sa petite inspection de la chambre, s'attardant un peu sur la lampe. Il ne lui posait pas beaucoup de questions, mais il devait bien en avoir. Elle ne l'encourageait pas, car elle-même devait trouver assez de forces pour poser les siennes. Si il n'y mettait pas du siens, elle aurait du mal à le faire à sa place !
  • Une ombre triste passa sur le visage de Shahbaz, furtive, presque imperceptible. Cela au moment précis où son regard rencontra le masque. Cacher ses sentiments n'était pas son but. . . c'était son apparence qu'elle désirait invisible. D'une façon, elle était plus honnête que bien du monde : ses désirs, ses pensées, ses avis, ses sentiments, étaient faciles à voir, tandis que d'autres s'occupaient de longues heures à soigner un physique pour mentir sur eux-même. On pouvait se demander qui de Nastran et du monde portait le masque ? Elle appréciait justement Shahbaz en partie pour cela : il n'essayait pas d'être quelqu'un d'autre, à part lui-même. Il était fier de lui, d'ailleurs se rendait-il compte que cela se ressentait ? Comme lorsqu'il arrive, victorieux de sa quête. Il est comme ça, il n'a pas besoin de parader pour qu'on sache qu'il est content de lui.


  • N'importe qui de normal ne penserait pas que le soleil soit douloureux, hormis lorsque l'on y est sensible et qu'on attrape des coups de soleil. Si Nastran posait cette question, c'est qu'elle établissait un lien entre la cuisson et le bronzage, sans jamais le comprendre. Lorsque l'on se brûle, on souffre, quand on est au soleil la peau se réchauffe, alors il était possible que quelqu'un d'inhabitué souffre. Elle, par exemple, une minute d'exposition lui serait très certainement fatal, surtout à Ashgabad. Elle n'y songeait jamait, résolue à vivre sous ses carapaces de brocart et de satin, un cocon confortable qui lui empêchait d'être agresser par la lumière céleste, pourtant bienfaitrice.


  • Le jeune homme prenait ses aises, savourant le thé comme à chaque fois, spécialement préparé pour sa personne. Se rendait-il compte qu'elle apprenait elle aussi à le connaître, sans pour autant lui poser des questions ? Pour elle, ce n'était pas compliquer, car quand elle ne mettait pas de mot à ses interrogations, alors elle demandait. Lui se contentait de prendre de ses nouvelles, mais ce masque lui imposait peut-être une pudeur particulière.

  • Shahbaz fut un temps surpris par la question, ne s'y attendant pas comme souvent, puis il se rappelait à qui il avait à faire. Non pas à une demeurée mentale, bien qu'elle ne sache pas ce qu'est la véritable vie, celle que l'on vit, au lieu de lectures plates. Cela le faisait sourire, comme d'habitude. Etait-il plus souriant avec elle qu'avec d'autres personnes ? En tout les cas, il était le seul devant qui elle riait, sans doute puisqu'il était le seul aussi à savoir le faire.

  • Parallèlement, la jeune femme se demandait comment il ne pouvait pas sentir les nuances alors qu'à ses yeux cela était si flagrant ! Il y a trois jours, sa peau n'était pas la même. Certes, elle n'était pas aussi laiteuse que la sienne, mais légèrement dorée comme un pain sucré sorti du four. Là, elle approchait plus du caramel.


  • Elle haussa les épaules lorsque Shahbaz voulut prendre connaissance de ces dernières activités, durant son absence. La magicienne avait sa routine, elle se demandait qui cela pouvait intéresser. Celui qui l'interrogeait, probablement. . . Elle se trouvait dénuée d'intérêts bien qu'elle faisait l'effort de lui répondre. Au moins pour son beau sourire.


  • « Elle n'a rien fait de particulier. Elle a fait des recherches qui n'ont abouties à presque rien, répondit-elle, un peu déçue. Nastran voulait savoir à quoi ressemble la ville, mais il n'y avait pas grand chose dans les livres. »

  • La jeune femme était toujours assise, elle n'avait pas eu à bouger depuis le début de leur entretien. Un maintien simple bien que noble, dépourvu d'arrogance, les mains croisées sur les genoux. Plus de vigueur fut dans sa voix lorsqu'elle continua :


  • « Cette nuit, Nastran a regardé le ciel, dans l'observatoire. C'était magnifique, la lune était pleine ! Cela lui a rappelé un conte, celui qui relate la Ville des Stupéfiés. »

  • Le ciel était bien la source de rêves la plus commune aux habitant de la terre, qu'il soit de jour ou de nuit. Pour sa part, Nastran le préférait nocturne, car c'est quand tout le monde dort qu'il montre ses plus belles merveilles. Lorsqu'elle rentrait dans le l'observatoire, c'était comme si elle y allait pour rejoindre les étoiles. Elle n'appercevait pas assez bien les planètes, mais elle se contentait de ce qui lui était donné.

  • Pendant qu'elle parlait, il se divertissait en jouant avec sa dague. Elle n'avait pas dit cette dernière phrase pour attiser son envie, seulement parce qu'elle avait voulut en parler. Elle ignorait le désir d'apprendre la lecture qu'avait le voleur, il ne le manifestait pas. Malgré cela la magicienne avait remarqué qu'il était attentif lorsqu'elle racontait des légendes et des contes. Le nombre qu'elle connaissait était si grand ! Elle-même adorait s'évader par leur biais. Shabaz ne la questionna pas sur cette fameuse ville mais plutôt sur ce qu'elle pourrait faire du rubis. A son tour, elle quitta l'alcôve, bien qu'elle resta devant. Même chez elle, la jeune femme se mettait en retrait. Il la regarda à travers le caillou, puis le reporta ailleurs.


  • « Nastran l'ignore encore. C'est un Rubis de Vertus, grâce à cela il est possible de concevoir différentes potions, mais il faut faire attention car il n'est pas simple d'utilisation. »

  • Elle le laissa s'amuser avec le rubis, se posant non loin de la fenêtre. Plusieurs fois, elle se rendait là, se demandant si elle pouvait aller dehors. Une de ses mains gantées tint le rideau pour laisser filtrer la lumière, qui rendit ses habits plus écarlates. A travers le masque elle plissa les yeux, le temps de s'adapter à la lumière solaire. Rassurez-vous, bien sûr qu'elle sait à quoi ressemble le boss stellaire, elle le voyait assez régulièrement.

  • De sa position, elle pouvait voir les jardins et ses multiples fontaines. L'une d'elle laissait s'écouler de l'eau dorée qui n'avait aucune valeur, à part l'esthétique. Elle formait un sillage parmis les citronniers, les grenadiers, les différentes variétés florales. Nastran était la seule à ne pas fouler les chemins parfumés qui subsistent grâce à elle. Dans le désert, son palais était une oasis idolâtrée, rassurante pour les voyageurs égarés. Tous ceux-là aimait visiter cette verdure, ils oubliaient que la demeure appartenait à la laideur incarnée. Nastran parcourait des yeux cette ensemble multicolore qu'elle aimerait approcher de plus près, puis laissa retomber le rideau et soupira. Elle avait vu le ciel bleu, le responsable du bronzage de Shahbaz, des fleurs par milliers, des arbres lourds de fruits.

    « Nastran aimerait sortir, mais elle a peur. . . »

  • Elle n'aimait pas l'avouer, seulement Shahbaz était apte à la comprendre et peut-être à ne pas trop sous-estimer son orgueil. Il ne jugea pas cette réplique prononcée en plein jour au bieu milieu d'un endroit où les bandits ne sont pas nombreux, où la garde était presque parfaite. Il savait pertinemment ce qui l'effrayait, un commentaire à ce sujet aurait été des plus vexants.


  • « Elle pourrait s'y rendre avec des courtisans, seulement elle ne veut pas. Nastran n'aime pas leur compagnie et ne les connait pas. »

  • Silence. Nécessaire car elle cherchait l'audace qui se terrait au fond d'elle. Mais vraiment bien au fond, là où elle est hors d'atteinte par moment, comme celui-ci. Il ne lui fallait non pas deux mais quatre mains pour la tirer jusque dans sa bouche, la faire sortir.


  • « Nastran a une nouvelle mission pour toi, Shahbaz : que tu lui serves d'escorte. »

  • Sous-entendu clair, capable de booster l'égo du voleur. Elle avait besoin de lui, de ses beaux muscles, de son illustre savoir du monde, pour finir de sa puissante protection, à lui. Sa présence lui redonnait parfois du courage, parfois seulement.

  • Plusieurs fois elle s'était imaginée lui demander cela, de façon moins formelle en revanche. Mais c'était plus fort qu'elle, ses manière ne se délogeaient pas facilement, elles étaient bien ancrées. Plutôt que de lui demander un service, il fallait qu'elle lui propose une mission. De toutes façons, elle ignorait si elle devait le considérer comme un employé ou un ami, ne sachant pas ce qu'était un ami.
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Shahbaz Faraz

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MessageSujet: Re: Visite Coutumière   Visite Coutumière EmptyDim 26 Sep 2010, 22:24

    Nastran n'apportait que bien peu d'importance à ce qu'elle faisait alors que j'étais en mission, apparemment, et pourtant ses activités en mon absence m'intéressaient. Me le conter semblait lui être tout particulièrement éreintant, c'était au moins ce que laissait entendre ce haussement d'épaules résigné. Malgré cela, pourtant, elle me répondit, m'expliquant que rien de particulier n'avait été réalisé, qu'elle avait fait des recherches, mais que celles-ci n'avaient rien donné, ou presque rien... Lorsqu'elle ajouta avoir été déçue, je ne pus réprimer un sourire. Nastran était touchante sans s'en rendre compte, qu'elle explique ainsi ses sentiments la rendait un peu plus douce encore que l'image que j'avais d'elle. La remarque qui clôtura cette première prise de parole me titilla tout de même un peu... Depuis quand se préoccupait-elle du monde en dehors de ces murailles de pierre ? Quand bien même la ville l'intéressait, Ashgabad avait beau être splendide et assez colorée, elle n'avait rien d'extraordinaire, il y avait son lot de désagréments, comme en toute ville. C'était sans doute une bonne chose, finalement, qu'elle n'ait rien trouvé au sujet de la ville. Il y avait une grande différence entre la réalité et l'idée qu'on s'en faisait, voir Nastran déçue, une fois encore, me serait tout particulièrement désagréable.

    A la suite de ses propos, un léger silence fut marqué, puis elle reprit la parole avec, semble-t-il, un peu plus de vigueur encore. Elle m'expliquait avoir regardé les étoiles cette dernière nuit, celle où moi, j'avais volé. Mais comme elle, j'avais passé un moment à observer le ciel, son immensité et le nombre impressionnant d'étoiles qui s'y trouvaient. Ce tableau était tellement beau que jamais je ne m'en lassais. Un tableau infini aux tons divers, marqué de plusieurs lueurs plus ou moins vives. Nastran disait vrai, ce soir comme les autres, le spectacle avait été simplement magnifique. Sans compter que, elle, elle avait dans son palais une pièce spécialement dédiée à cette observation, cette pièce un peu exilée qu'on appelait en effet l'"Observatoire". J'y étais entré une fois, mais malheureusement pour moi : en pleine journée. Bien évidemment, le résultat n'était pas le même mais la pièce demeurait, somme toute, assez charmante. La fin de sa phrase me laissa perplexe pourtant, alors que quelques mouvements continuaient d'être réalisés avec l'arme.

    Ses dernières paroles résonnèrent dans mon esprit, presque inconsciemment. J'avais pensé aux contes et voilà qu'elle m'en parlait... Cela dit, celui qu'elle avait cité ne me disait rien, un jour peut-être, je lui demanderai de me le conter... Nastran était une bonne conteuse à n'en pas douter. Bien que songeur un moment, je tâchais de ne rien laisser paraître et me contentais de poursuivre mon petit jeu improvisé. Un temps au moins, car la pierre attira encore mon attention et une nouvelle question lui fut posée. Nastran se leva doucement et sortit à son tour de son alcôve : rares étaient les moments où elle bougeait, plus rares encore étaient ceux où elle s'aventurait à dépasser la barrière formée par le rideau. Cela dit, il y avait encore pas mal de progrès à faire car, en effet, elle sortit, mais resta devant son alcôve... Comme si, au moindre mouvement ou bruit suspect, elle pouvait s'y réfugier à nouveau pour se protéger.

    Trouver la pierre avait été assez simple. La voler aussi, et pourtant l'utilisation semblait être complexe, Nastran elle-même ne savait pas encore précisément ce qu'elle allait en faire... Qu'importe l'avenir de ce "Rubis de Vertus", moi je me contentais de rapporter les objets, pas de les utiliser... Mais j'aimais bien savoir l'utilité à venir de ce que je lui rapportais, tout comme j'aimais à voir le résultat après utilisation. Aussi petit soit-il, ce joli rubis semblait être capable de bien des choses, je ne savais pas encore, toutefois, s'il était voué au bien ou au mal... Quoique, Nastran n'était pas du genre à souhaiter le mal, ou alors, c'était tout à fait inconscient. Je crois. Faire attention n'était pas quelque chose que j'employais quotidiennement dans mon vocabulaire, mais pour cette fois au moins, je me contentai de reposer l'objet dans son tissus, sur la table.

    Retrouver sa liberté pour un oiseau en cage était une obsession. L'oiseau pouvait être sage d'apparence, son cœur ne battait que pour voir ses ailes se déplier dans l'immensité du ciel. Nastran semblait avoir de plus en plus besoin d'une certaine liberté, elle aussi. Elle semblait vouloir profiter de l'extérieur. Apparemment, elle désirait sentir, observer et toucher les arbres, plantes, fleurs de ses jardins. Elle voulait parcourir librement, peut-être, les couloirs du palais qui lui appartenait. Elle avait besoin d'autre chose que des livres, besoin d'autre chose que des mots. La théorie était une chose que je n'ai jamais connu, pourtant on dit qu'elle est nécessaire pour partir sur de bonnes bases ; cela dit la pratique l'était au moins tout autant, si ce n'est plus. Dans les livres, il n'y a pas l'imprévu du réel, tous les autres facteurs n'entrent pas en compte. C'est peut-être ça, qui lui manquait.

    Alors elle s'éloigna lentement jusqu'à la fenêtre voilée de sa chambre. Sa main gantée se leva élégamment et s'empara doucement du rideau opaque afin de le décaler sensiblement, laissant filtrer un puissant rayon de soleil. Je venais moi-même de l'extérieur, mais mes yeux avaient déjà eu le temps de s'habituer à l'obscurité ambiante, si bien que ce rayon m'aveugla également. Pourtant elle resta là à observer l'inaccessible... Un moment encore, Nastran resta à la fenêtre, moment pendant lequel j'avais repris mon jeu avec mon arme, et puis un soupir me déconcentra et l'arme chuta au sol, m'arrachant à mon tour un soupir qui prolongea celui de la magicienne. Mon corps commença à se plier sur lui-même et mon bras se tendit doucement vers l'arme mais mes mouvements furent interrompus brusquement lorsque ses paroles résonnèrent. Je savais qu'elle avait peur, et ça me faisait de la peine pour elle. Qu'elle se cache derrière un masque, pourquoi pas ; mais qu'elle reste sans cesse fermée dans sa chambre, ou dans une autre pièce sans jamais être libre de vagabonder comme bon lui semble n'était pas une vie convenable à mes yeux.

    Nastran m'avait fait part à plusieurs reprises de ses sentiments, y compris de celui-ci. Alors qu'elle reprenait, mon corps acheva ce qu'il avait entreprit de faire et ma main se saisit de l'arme à nouveau, prenant soin, cette fois-ci, de la ranger à l'arrière de mon corps - accrochée quelque part à ma ceinture. La suite de sa phrase me fit sourire, pourtant. Là encore elle était touchante et attendrissante, même pour une brute comme moi. Un court silence s'installa et finalement, elle reprit la parole sur un ton que je pensais peut-être plus sec. Une nouvelle fois, elle m'étonna. Une mission, comme ça, soudainement ? Je venais tout juste de revenir et voilà que déjà, je repartais. Ce n'était pas réellement un problème, cela dit si ce n'est le thé, je n'avais pas eu vraiment l'occasion de me reposer... Pourtant la mission était bien différente des autres qu'elle était susceptible de me donner ; différente à un point tel que pour moi, ce n'était pas vraiment une mission... Elle s'aventurait plutôt à demander un peu d'aide, une sorte de cri de détresse... A moins que l'idée de me voir en sauveur ne me fasse imaginer des choses.

    - Très bien, je te servirai d'escorte, Nastran.

    Ne pas accepter un service tel que celui-ci était chose inimaginable. Je voulais la faire sortir alors qu'elle m'en fasse elle-même la proposition était presque inespéré : il était simplement hors de question pour moi de refuser. De même, si quelqu'un s'aventurait à l'en empêcher, je serais en mesure de me charger personnellement de son cas. Il n'y avait plus qu'à espérer que cette balade lui plaise... Avant cela, toutefois, j'avais besoin de le taquiner un peu. Elle avait précisé qu'il s'agissait là d'une mission, qui plus est, je n'étais qu'une escorte. J'avais de gros doute quant à la véracité de ces propos : la magicienne n'était pas du genre à aller voir une connaissance - je n'étais d'ailleurs pas même certain de l'existence de telles personnes -, ou même à se rendre à tel endroit en personne... Pourtant, c'est à cela que servait une escorte ; je n'étais pas là pour lui faire visiter, je n'étais pas un guide. A nouveau mon corps s'est plié et ma main s'est saisie, cette fois, du turban encore au sol. Ce morceau de tissus fut alors noué vulgairement à ma ceinture tandis que je me tournais vers elle, souriant encore... Mais un sourire amusé, le même que j'avais lorsque je défiais les gardes.

    - Et, où devons-nous nous rendre, alors ? Devons-nous rester discrets ?

    Avoir la chance de l'amener dehors me donnait peut-être des ailes. J'étais si enthousiaste à cette idée que je me surprenais maintenant à espérer un peu plus encore. Une nouvelle avancée venait d'être faite, peut-être serais-je en mesure d'en enclencher une autre dans la foulée... Pourtant le sujet était délicat et bon nombre de disputes avaient éclaté à ce propos. Dévoiler son visage. J'avais là un argument de plus, et ma demande en devenait presque innocente, d'ailleurs. Presque seulement. Nastran avait beau être parfois naïve, elle n'en demeurait pas moins intelligente et mon numéro n'allait sûrement pas passer inaperçu. D'autant plus qu'elle me connaissait depuis longtemps maintenant, elle savait que j'avais tendance à insister lorsque je voulais quelque chose, elle savait que j'étais borné. Mais elle savait également que jamais je n'abandonnais. Son visage, je le verrais un jour, je m'en suis fait la promesse le jour où je me suis décidé à passer sa forteresse quasi-imprenable.

    - Je me demandais... Peut-être pourrais-tu profiter de cette sortie pour retirer ton masque, non ? Après tout, ce n'en serait que plus agréable pour toi ! Tu sentirais quelques rayons de soleil caresser ta peau, le vent en faire de même, tout en portant quelques senteurs aussi douces qu'agréables... Sans compter que si tu n'as pas ton masque, personne ne pensera que tu es "Nastran". En fait si tu le portes, j'ai peur qu'on fasse immédiatement le rapprochement avec toi. Je ne voudrais pas que tu gardes un mauvais souvenir de cette rare sortie...

    Se taire aurait pu, aussi, être une excellente option, car j'appréhendais maintenant sa réaction : et si, après de telles paroles, elle ne voulait plus sortir ? Cela dit, dans tous ces mots, tout n'était pas là pour la convaincre de retirer son masque. Bien évidemment, tout était vrai dans ce que je lui disais, je le pensais réellement, seulement quelques parties étaient, en plus, pleine de sincérité. C'est vrai, je ne voulais pas que cette initiative soit la dernière, je ne voulais pas qu'elle soit choquée par l'extérieur. Pour une de ses premières sorties - et peut-être même la première -, je voulais que tout soit parfait, que tout se passe bien. Si une personne la reconnaissait, je n'osais pas même imaginer la suite des évènements. Peut-être ne serais-je d'ailleurs pas en mesure de retenir ma colère, car oui, la colère serait sans doute le sentiment dominant si une erreur venait à être commise par qui que ce soit. Et puis, en effet, sans son masque, les sensations seraient sans doute plus agréables encore. Enfin...
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Nastran Shams-Sabah

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MessageSujet: Re: Visite Coutumière   Visite Coutumière EmptyMer 29 Sep 2010, 20:37

  • Trop cloîtrée dans sa naïveté, Nastran imaginait que le monde en dehors de ces murs était fascinant. Elle ne l'avait pas vu mais en éprouvait un brûlant désir, une curiosité encore plus forte. Elle ne voulait pas se limiter à la ville, bien plus encore lui donnait le goût de l'évasion. La magicienne désirait visiter le ciel, gravir les montagnes, vérifier si il y a réellement des pays glacés où la neige tombe des jours durant. De l'univers, on ne savait rien, et Nastran savait qu'en une vie on n'en saurait jamais assez pour le décrire dans sa plénitude, alors elle irait à la recherche de l'objet parfait des alchimistes : la Pierre Philosophale. Légende trop impossible, bourrée d'énigmes à découvrir, ou bien simple vérité, elle attendrait que sa vie s'achève pour ne plus y croire. Toutefois si elle venait à la trouver, elle pourrait vivre suffisamment longtemps pour tout connaître, tout voir. Ce premier pas n'était pour elle que le premier d'une longue suite, et tant pis si elle est un monstre : elle est un monstre avec des yeux, des objectifs et une âme.


  • Shahbaz semblait ravi de cette requête, il prenait un malin plaisir à l'embêter un peu, sans aller jusqu'à la méchanceté. Il souriait de son beau sourire, parlait simplement sans pour autant manquer de charisme. L'opposer de son interlocutrice craintive et peureuse, facilement impressionnable. Récupérant l'arme tombée à terre, le voleur accepta simplement la demande de Nastran. Il poursuivit après avoir noué son turban à sa ceinture, le sourire moqueur, pour s'informer des détails de sa mission. La jeune femme ne savait pas quoi répondre à cela, mais bien vite une idée lui vint.


  • « Nastran aimerait voir à quoi ressemble le bazar, dit-elle d'une voix enjouée. »

  • Idée saugrenue pour une agoraphobe, seulement Nastran avait bien plus besoin d'assouvir sa curiosité que de nourrir sa peur, de plus elle serait accompagnée d'un homme qu'elle jugeait suffisamment capable de la protéger et de faire preuve de réserve quand à leurs présences. Il ne tarda pas d'ailleurs à expliquer les conséquences du port de son masque, qui attirerait l'attention facilement et qui laisserait sous-entendre son identité. Pour finir, il affirmait que c'était pour lui éviter une journée désagréable dont le souvenir serait des plus amers. Mouais. . . Shahbaz était sincère, il prenait tout de même un risque énorme de dispute, sachant que Nastran était susceptible et qu'elle pouvait y voir de la provocation.


  • Elle ne répondit rien, même si elle avait une solution à ce problème, bien qu'extrême et risquée. Seulement cela ne règlerait pas le problème éternellement. Le voleur semblait déterminer à la voir et cette suggestion lui paressait la meilleure jusqu'à aujourd'hui pour qu'elle retire ce masque. Cet objet était pour elle rassurant, un peu comme un doudou aux propriétés apaisantes sans pour autant disposer d'explications faciles à décrire. C'était grâce à lui qu'elle pouvait parler à Sahbaz, qu'elle s'entretenir avec les professeurs et les marchands. Si jamais le rideau tombeau, alors elle serait toujours protégée, et les autres aussi.


  • « Si quelqu'un venait à regarder le Monstre, dit-elle, tentant de cacher la tristesse de sa voix – il deviendrait aussi laid qu'elle. On saura que c'est Nastran, dans tout les cas – elle se fit plus dure avant d'ajouter : Ne l'embête plus pour cette raison. »

  • Les fois où elle s'auto-qualifiait de sa seconde appellation étaient rares, cela la blessait tout autant que d'entendre quelqu'un le faire. Déjà qu'elle se rabaissait tout les jours, c'était comme si elle se mettait à se creuser. Le voleur ne pouvait comprendre que la plus petite partie qu'elle montrait, sois presque rien, de ses sentiments négatifs. Non pas qu'il soit incapable, loin de là, mais la magicienne avait bien plus de secrets qu'il ne pouvait l'imaginer. Par ailleurs, il serait temps de lui faire part d'un peu plus pour une fois, plutôt que de débuter une dispute.


  • La jeune femme poussa le tas de bois de ses petites forces. Bien minimes face à la grandeur musclée du voleur. Elle était relativement petite de taille, même si cela ne se voyait qu'une fois qu'elle se levait. Elle ne demanda pas à Shahbaz d'intervenir, lorsqu'elle était seule elle devait bien se débrouiller. Il n'empêche que ses efforts pouvaient sembler ridicules, on ne pouvait qu'admirer sa persévérance dans son action. Une fois décalée d'un bon mètre, son cœur battait très vite. Nastran songea qu'elle devrait faire plus d'exercices, mais rien que d'y penser elle fut aussi fatiguée que quelqu'un ayant fait un 100mètres. Elle appuya sur le mur de pierre puis un passage se dévoila. D'un geste de la main elle l'invita à la suivre vers l'armoire. Pour l'instant, c'était sûr, ils ne sortiraient pas.


  • Elle leur fit parcourir un couloir assez long avant qu'ils ne pénètrent dans une sorte de débaras très organisé. Le chemin manquait d'éclairage mais aucun obstacle ne buta contre eux, ce ne fut que le bruit de leurs pas qui se heurtèrent aux parois. La jeune femme n'avait pas parlé jusqu'à ce qu'ils arrivent dans une des nombreuses salles du palais. Un passage que Shahbaz ne connaissait pas, mais qui ne lui servirait probablement jamais.


  • « Il n'y a que d'anciens souvenirs, sans utilité. »

  • La salle n'était pas très grande, plusieurs étagères permettaient un rangement propre et ordonné. Des lucarnes offraient une lumière tamisée et chaleureuse aux visiteurs, préservant la nostalgie des lieux. A part quelques bijoux il n'y avait aucun objet de valeur et rien de bien intéressant à regarder. Un endroit était consacré uniquement à des portraits, à hauteur d'hommes. Une vieille femme aux yeux verts laissaient une longue tresse blanche sur son épaule, paisiblement assise, près d'un homme assez mâture qui se tenait debout, protecteur et retiré à la fois. Il y avait un fort contraste entre la vieillesse sereine et la jeunesse aux aguets. Tout autour un tas d'autres portraits représentaient les Shams-Sabah, mais c'est celui-ci qu'elle poussa pour en découvrir un autre. Il devait bien avoir la longueur de son bras et être large de sa moitié. Il lui échapa des mains, rompant le silence pacifique pour tomber dans un bruit sourd. Le cadre survécut par miracle et rien ne fut abîmé dans la première impression. Plutôt que de le ramasser Nastran le fit glisser de son pieds vers Shahbaz, et c'est là que l'encadrement se désamorça, mais cela n'affecta pas la malhabile. Elle s'occupait déjà d'autre chose. Sur le tableau on pouvait voir une fillette de 5-6ans, très claire de peau pour une ashgabadienne. Elle avait un sourire attendrissant qui découvrait toute ses dents, de jolies joues roses et de grands yeux verts ornés de longs cils noirs. Sa sombre chevelure était rattachée par des rubans rose et des fils d'or, sa tunique était de la même couleur. La gamine légèrement potelée jouait sur une terrasse avec un lionceau, sans se soucier de ceux qui pouvaient l'observer.


  • « Nastran se rappelle seulement que sa belle-mère disait d'elle qu'elle était née d'un éléphant. »

  • La magicienne n'attendit aucune réplique, et elle n'en voulait aucune. Elle ne voulait pas être rassurée, complimentée ou quoique ce soit de gentil ; elle n'y trouverait pas la sincérité nécessaire pour les accepter. La jeune femme tira une échelle coulissante à l'autre bout des étagères avant d'y grimper, rapprochant sa robe pour ne pas être gênée dans ses mouvements. Une fois tout en haut, elle s'étira de tout son long pour atteindre le fond de planche, referma sa main sur une boule dorée, glissa dangereusement mais se rattrapa de justesse. Si l'échelle n'avait pas été fixée, la chute aurait été belle ! Elle redescendit tranquillement, son trésor dans les mains. Il s'agissait d'une sphère en or gravée d'arabesques. La jeune femme s'approcha de Shahbaz, suffisamment près pour qu'il sente ses effluves de jasmin, bien qu'elle soit encore à une certaine proximité. Elle lui tendit la boule dorée en disant :


  • « La grand-mère de Nastran lui a offert à l'âge de ses 16ans. »

  • Elle appuya ensuite sur un bouton presque invisible pou qu'une partie de la sphère se rétracte. Un bout de parchemin enroulé sur lui-même et cerclé d'un anneau se tenait à l'intérieur.


  • « Selon elle, le jour où Nastran aura la réponse sa vie aurait plus de sens. Elle ne l'a jamais résolue. C'est pourquoi elle lui fit promettre que Nastran ne devrait plus se cacher si par ailleurs quelqu'un d'autre lui apporte la réponse, elle souffla avant de reprendre : Si tu as la solution avant elle, elle respectera sa promesse. »

  • Elle ignorait que le voleur ne savait pas lire, et que pour lui l'énigme serait bien plus difficile à résoudre que pour elle, bien que si il en prenait connaissance cela lui serait bien plus aisé qu'à la magicienne. Une occasion pour lui de la défaire de son masque, sauf si la peur la contraignait à ne pas honorer sa perte.
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Shahbaz Faraz

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MessageSujet: Re: Visite Coutumière   Visite Coutumière EmptyJeu 30 Sep 2010, 21:36

    Sa réponse avait tardé mais elle était restée claire et n'avait, semble-t-il, pas été perturbée par la question que je lui avais posé un peu plus tôt. Nastran avait dit vouloir observer le bazar, voir à quoi il ressemblait et ce qui s'y faisait. La première tentative pour la taquiner un peu avait échoué, cela dit, je n'avais pas pour habitude d'abandonner si facilement. A la suite de mon argumentation cependant, le silence fut bien plus long et, bizarrement, plus pesant aussi... Pourtant là encore, lorsque la réponse fut exprimée, elle fut des plus claires. Malgré cette apparente clarté, ses propos éveillaient en moi une sorte de colère sourde. J'avais déjà grand mal à supporter qu'elle vive cachée et qu'elle donne ainsi raison à ceux qui la traitaient de monstre, mais je faisais l'effort d'encaisser, d'accepter sa façon de vivre sans pour autant accepter la qualification qu'on lui accolait. Toutefois, qu'elle se qualifie elle-même de monstre était différent. C'était un peu plus inacceptable encore, car si Nastran se mettait à croire ce qu'on disait d'elle, jamais elle ne sortirait de son palais.

    Horrible était le mot qui me venait à l'esprit en cet instant. Il avait été sans doute soufflé par le "Monstre" employé, mais ce mot ne s'associait pourtant pas à elle. C'était plus ou moins un constat de la situation. Ni elle, ni moi ne nous emportâmes mais mon front se trouva scindé en deux. Une méchante barre en déchirait sa surface, conséquence directe d'un froncement de sourcils soudain et particulièrement insistant. La magie était une chose réelle et on le voyait tous les jours, mais cette soi-disant malédiction selon laquelle quiconque verrait le visage de Nastran deviendrait " aussi laid qu'elle " ne me faisait ni chaud ni froid. Je n'y croyais pas un seul instant. Lorsque je lui ai présenté mes arguments, j'avoue avoir omis le détail qu'elle-même croyait en sa laideur, j'avais même oublié ce point entier. L'imaginer laide n'était pas une chose qui coulait de source pour moi, ça n'entrait en rien dans une suite logique d'évènements. Sa voix et son attitude était trop douces pour qu'elle ressemble à un "Monstre". Pourtant, parfois, il m'arrivait de perdre pied et d'y croire presque... Lors de ces rares fois, je me faisais violence et tachais de retrouver "espoir", de lui faire voir un jour la beauté qu'elle portait en elle. Qu'importe, finalement, la forme qu'elle avait. Au moins, Nastran avait une belle âme, et je n'étais pas même certain qu'elle s'en rende elle-même compte. Les derniers propos qui passèrent la barrière de ses lèvres furent plus piquants mais ils eurent au moins le mérite de me faire taire. J'aurais voulu rétorquer, et d'ordinaire, je l'aurais fait... Mais pas là. Parce que par-dessus tout, je voulais la voir quitter son palais... Alors soit, je m'écraserai bien facilement pour cette fois.

    Avoir l'occasion de l'entendre elle-même dire qu'elle était un monstre était pourtant une chose rare... Ce n'était pas plus mal, cela dit, puisque ça me mettait en colère sans qu'elle ne s'en aperçoive. Sans raison apparente, Nastran se mit à gaspiller pas mal de son énergie afin de déplacer un élément de sa chambre. Un élément qui n'était pas des plus lourds tout de même, et on pouvait déplorer le résultat obtenu en dépit des efforts qu'elle fournissait. Pourtant elle avait l'air plus déterminée que jamais, et rares étaient ces moments. C'est peut-être pour cette raison que je ne l'ai pas aidé ; pour cette raison, peut-être, que je n'ai pas même bougé. Non sans mal, le résultat tant escompté apparu et la magicienne se redressa sensiblement, actionnant un mécanisme caché qui permit à un mur de s'ouvrir sur lui-même. Un passage sombre s'étendait alors face à moi, un passage dont je n'avais pas connaissance jusqu'à maintenant. Un réflexe se manifesta alors, rien d'apparent cela dit : mentalement, je modifiais déjà le plan que je m'étais fait de son palais. Il fallait désormais ajouter se passage et prévoir d'éventuelles autres ouvertures. Il faudrait, à l'occasion, que je demande à Nastran si elle connaissait l'existence d'autres passages tels que celui-ci. Ce pourrait être un peu plus amusant s'il y en avait une multitude entre ces murs.

    Habituellement, j'aurais déjà fait plusieurs pas dans le passage, cela dit, ici, je n'avais pas encore bougé et j'ai même attendu que Nastran m'invite à la suivre pour m'autoriser un mouvement. Alors je suivis son ombre s'engouffrant dans le passage. La lumière était faible, voir même absente et ma main droite frôlait constamment le mur à mes côtés, étudiant ainsi l'aspect global du passage après avoir vulgairement évalué sa largeur. J'avais beau suivre un plan mental excessivement précis, je n'arrivais pas à déboucher sur une salle connue du palais. Le chemin fut long avant qu'une réponse ne soit apportée à cette question muette. C'était une sorte de petit débarras, là où on entrepose tout un tas de souvenirs dont on ne sait plus que faire ; à moins qu'on veuille enterrer en ces lieux, des songes désagréables. La pièce était plutôt petite et à première vue, elle n'abritait pas nombre d'objets de valeurs. Plusieurs babioles diverses et d'ailleurs, Nastran l'expliqua elle-même : des souvenirs dénués de sens. Pourquoi m'amener là, alors ? J'avais souvent du mal à suivre la magicienne, dans ses paroles et parfois même dans ses actes. Il m'arrivait fréquemment de ne pas comprendre l'origine de tel ou tel comportement, raison pour laquelle des disputes éclataient entre nous. Cette pièce était l'exception qui confirmait la règle : que voulait-elle donc me montrer ?

    Bouquins, tableaux, bijoux. Tout semblait se trouver dans cette pièce pourtant petite. Elle recelait nombre d'étagères, supportant toute sortes d'objets. Quelques lucarnes étaient incrustées ça et là dans les parois, laissant passer une lumière blafarde, presque inexistante tant sa luminosité était faible. Et puis Nastran s'approcha d'un coin de la pièce où trônait plusieurs portraits. Différents personnages étaient dépeints dans des décors parfois sobres, parfois glorieux. L'attention de la magicienne fut portée sur un tableau en particulier, rassemblant une vieille femme et un homme plus jeune, bien que mâture. La mère et le fils, peut-être bien. Des personnes de la famille de Nastran, sans nul doute, des personnes que j'étais pourtant incapable de situer par rapport à la magicienne. J'ai été surpris par sa gestuelle : lorsqu'elle s'empara du tableau qu'elle laissa chuter au sol en un bruit claquant qui résonna dans la petite pièce, allant se perdre dans le passage sombre non loin de moi. L'état du tableau au sol ne semblait pas la préoccuper : un bref coup de pied lui fut gracieusement offert alors qu'il glissait jusqu'à moi, se cassant par ailleurs. Le tableau s'était échappé de son cadre, rien d'irréparable ; cela dit j'ai tout de même pris la peine de m'incliner pour le ramasser, au moins jusqu'à ce que mes yeux croisent les siens.

    Apprécier les détails sur des tableaux n'était pas une habitude pour moi et d'ordinaire, je n'avais que faire de ce qu'ils pouvaient bien représenter. Pas là cependant. Le tableau dévoilé représentait une petite fille à la peau d'albâtre, un sourire gracieux étirait ses lèvres et provoquait la naissance de pommettes saillantes. Un sourire charmant qui étira, peut-être, mes lèvres également. La fillette jouait avec un lionceau et elle avait à son adresse, un regard presque tendre, aussi vert que la plus belle des émeraudes. J'avais déjà vu ce regard ailleurs, pourtant je ne fis pas tout de suite le rapprochement. Ces yeux me plaisaient, ils étaient simplement beaux, et on prenait grand plaisir à se perdre dans leur splendeur. De grands yeux surplombés par de longs cils noirs, assortis à des mèches brunes qui juraient pourtant si agréablement avec le teint de la demoiselle. Là encore c'était un tableau banal et peut-être plus petit que les autres ; pourtant c'est celui qui, à mes yeux, avait le plus de charme. Il était certes simple, mais une multitude de sentiments étaient en mesure de parcourir l'observateur et, j'avais beau ne pas m'y connaître en œuvre d'art, je trouvais le tableau tout particulièrement réussi. Un simple regard porté sur la toile était en mesure de nous projeter dans cet environnement, sur cette terrasse en compagnie de la demoiselle et du jeune lionceau.

    Zyeutant avec attention la représentation sous mes yeux, je fis tout juste attention aux gestes de Nastran, si bien que je ne relevai la tête que lorsqu'un glissement sec me vint à l'oreille. Elle avait trouvé le moyen, en si peu de temps, d'amener l'échelle jusqu'à elle et d'y grimper. Elle avait atteint le sommet et avait récupéré un objet, visiblement, avant de manquer de peu, une chute suffisamment importante pour qu'elle soit blessée légèrement. Mes dents se refermèrent sur ma lèvre inférieure alors que je me redressais, tableau en main. Je m'en voulais de ne pas l'avoir surveillé, je m'en voulais surtout d'avoir été à ce point distrait. Si elle n'avait pas été en mesure de se ressaisir, je n'aurais jamais eu le temps de la rattraper avant qu'elle ne heurte le sol. Elle parvint toutefois au sol sans encombres et dévoila enfin l'objet : une sphère en or ornée de nombreuses décorations ; ce cadeau lui venait de sa grand-mère, d'après ce qu'elle venait tout juste de dire. D'abord le tableau, puis sa proximité. Rares étaient les fois où Nastran était aussi proche de moi, si proche que son parfum, aussi doux et agréable que la fragrance de ses jardins, me parvenait. Elle sembla actionner un autre bouton alors que la sphère s'ouvrait partiellement, laissant apparaître un parchemin soigneusement enroulé. Alors elle parla à nouveau, m'expliquant l'origine de ce morceau de papier, m'expliquant aussi qu'il contenait une énigme qu'elle n'avait pas encore était en mesure de dévoiler. Si j'étais calme jusqu'à maintenant, la donne changea du tout au tout lorsque Nastran expliqua la chose suivante : quiconque serait capable de résoudre l'énigme, verrait alors le visage de la magicienne se dévoiler. Je n'ai pas vraiment réfléchi à mes paroles, c'était une sorte de "cri du cœur", et je lui ai d'ailleurs tout juste donné le temps de finir sa phrase.

    - Donne-le moi !

    Se souvenir de la personne à qui je m'adressais, et de la politesse en rigueur - au moins un minimum -, aurait été plus judicieux avant de lui hurler presque dessus. Ce n'était pourtant pas agressif, j'étais juste impatient. Et mon impatience avait fait que j'avais complètement oublié mon illettrisme. C'était presque comme si mon temps était compté ; pourtant je restais calme, ou plutôt, le plus calme possible. J'ai posé le tableau délicatement sur une table avant de me retourner à nouveau vers Nastran, frottant mes mains l'une contre l'autre. Et puis mes paroles me sont revenues... Alors, avant de m'emparer du parchemin ainsi présenté, ma voix se fit plus faible et mon regard, fuyant.

    - Hum... S'il te plaît...

    Hystérique ou presque, je ne tenais plus en place et cette énigme était un nouveau défi pour moi. C'était peut-être aussi la clé de ma réussite. Trouver la réponse à cette énigme permettrait peut-être de tout arranger, c'était un moyen de la mettre dos au mur sans pour autant qu'elle ne soit en mesure de me reprocher quoi que ce soit. J'étais égoïste, ce n'était pas nouveau et à cause de ça, je voulais voir son visage. Peut-être aurais-je dû me soucier d'abord de ce dont elle avait envie, de ce qu'elle voulait, elle. D'un autre côté, Nastran semblait tellement calme et résignée... J'avais presque l'impression que si personne ne prenait son destin en main, alors rien ne changerait. Si je pouvais changer sa vie et la rendre un peu plus agréable, alors je n'hésiterais pas une seconde de plus. Cela dit, rien ne me garantissait qu'un tel changement lui soit agréable. Je n'avais plus qu'à espérer. Mordant à nouveau ma lèvre, mes doigts s'emparèrent avec une extrême attention du parchemin caché dans la sphère. Tout aussi doucement qu'auparavant, j'ai retiré l'anneau qui le maintenait enroulé avant de le dérouler sous mes yeux.

    Alors la réalité me rattrapa. Les lettres ou les signes qui se dessinaient sous mes yeux me rendaient incapables d'interpréter quoique ce soit. Et dire que j'avais, un temps, espéré voir son visage se dévoiler et, peut-être, un sourire étirer ses lèvres. Un soupir las m'échappa mais loin de moi l'idée d'abandonner. Elle n'avait pas précisé les règles du jeu, un peu d'aide n'était donc pas interdit. Ma main gauche glissa le long de ma tête, se frayant un chemin à travers quelques mèches brunes avant de se laisser glisser paresseusement sur ma nuque. Nouveau soupir alors que je lui tendais le parchemin, une moue sur le visage et les yeux braqués sur les siens, l'implorant presque d'exécuter au moins cette demande.

    - Tu veux bien... Me le lire au moins une fois, Nastran ?
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Nastran Shams-Sabah

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Visite Coutumière _
MessageSujet: Re: Visite Coutumière   Visite Coutumière EmptyMar 05 Oct 2010, 23:22

  • Shabaz avait fait de gros efforts pour ne pas engendrer de disputes. Il n'avait pas besoin de parler, cela se voyait sur son front. Il ressemblait plus à un gamin têtu qu'à un adulte fâché, seulement la magicienne ne prenait pas le temps d'en rire puisque de son côté elle n'était pas plus gaie. Il l'avait suivit sans faire de commentaires, sans poser de questions.


  • Le dos tourné, elle n'avait relevé l'attention que portait Shabaz au tableau. Pour elle, il n'était plus que le souvenir d'un bonheur perdu. Elle se rappelait ne pas tenir en place au début, elle était pressée comme le sont les enfants, sans raisons particulières. Coiffée et habillée comme une princesse, elle était partie vagabonder dans le palais jouant à tout et à rien, revivant pour elle-même les contes sous forme théâtrale. Elle était seule mais jouait bien une dizaine de personnages, puis elle tombait sur un compagnon de jeu et la scène devenait encore plus folle, plus animée. Retrouvée la coiffure défaite, les vêtements froissés, sa marâtre lui assena une belle gifle pour la punir avant qu'elle ne soit remise pour une seconde fois aux mains des caméristes. Le père de Nastran, qui n'avait jamais la force de la gronder, lui proposa de poser avec sa nouvelle peluche vivante. Au lieu d'être plus stable, la fillette s'était plus amusée qu'autre chose, heureusement que le peintre savait s'adapter. Ce fut la seule fois que quelqu'un captura son image.


  • A peine eut-elle achevé sa phrase que le voleur s'extasia. Il était passé de très, très calme à très, très excité en moins d'une fraction de seconde. En l'entendant s'écrier la craintive magiciennes fit un bon en arrière, reportant l'objet contre elle. Elle n'était pas habitué à si peu de brusquerie, qui plus est soudaine. Ses oreilles n'avaient que peu l'occasion de recevoir des sons, souvent ils étaient doux et pas aussi vifs. Voilà pourquoi elle fut rapidement sur la défensive, sans raisons apparentes. Shabaz se ressaisit, se débarrassant d'abord du tableau – qu'elle ne remarquait que maintenant -, ensuite il revint vers elle, plus calme, plus posé. C'était beaucoup plus agréable qu'il y a quelques secondes. Armes baissées, elle lui tendit l'objet de ses désirs, une question enflammant sons esprit.


  • Jusqu'où Shabaz, le voleur indépendant, beau garçon, à l'esprit rusé, était-il prêt à aller pour voir son visage ? Et dans quel but ? En lui donnant le parchemin, elle eut plus l'impression de faire ce geste pour lui que pour une autre raison. Elle songea que parfois, les hommes ont des désirs bien étranges. Ils ne rapportent rien, sauf la satisfaction personnelle. A quoi sert-elle, cette satisfaction ? Une fois acquise peut-on l'utiliser ? Une fois que Shahbaz l'aurait, qu'en ferait-il ? Il passera, comme bien du monde, sur un autre désir.


  • Pour l'heure, il paraissait coincé sur celui-là. Mordant sa lèvre comme pour se contenir – joie ou colère ? - il s'empara du bout de feuille griffonné. Elle continuait de penser, sans faire attention à l'air perdu du voleur. En réalité, elle ne pensait pas que Shahbaz trouverait une réponse. Elle avait essayé durant des années, il lui en faudrait au moins tout autant à lui aussi pour être sur une piste. Si elle lui avait fournit le parchemin, ce n'était que pour éviter la ritournelle que chantaient le masque et le voleur. Elle réussissait à ne pas y penser, et ils le lui rappelaient, à des moments où elle ne s'y attendait pas. Ensuite, elle pouvait admettre qu'elle aimerait avoir une réponse à cette énigme, histoire de satisfaire son insatiable curiosité. Au fond, elle espérait même échapper à la promesse, bien que cela soit impossible tant pour le respect de sa chère grand-mère que pour l'obstination de son interlocuteur.


  • Elle reprenait déjà le chemin du retour, sans se soucier de ce qui se passait derrière elle, mais elle fut interrompue. Le jeune homme la rappela, quelque peu gêné, une posture qui ne collait pas vraiment avec son insolence ainsi que son assurance. A cet instant, il était un paradoxe de lui-même. Timidement, il lui demanda de lui faire la lecture, lui rendant le parchemin, qu'elle refusa poliment. Si lui avait oublié son illettrisme, elle, elle n'y avait jamais songé. Pourtant c'était logique, les voleurs ne reçoivent pas suffisamment d'éducation pour y parvenir, et apprendre seul est presque impossible. Connaissant les mots écrits par cœur, elle récita :


  • « Je peux te rendre heureux ou te faire pleurer,
    je peux t'aider ou te faire sombrer,
    Je peux être source de méfiance ou de confiance,
    Personne ne peux expliquer ce que je suis,
    Et rien ne peut me contrôler. »

  • Oui, Nastran, qui disposait de bibliothèques, connaissait nombre de formules, affectionnait la littérature, était incapable de résoudre une énigme de cette simplicité. Elle avait essayé pourtant, lu le poème à l'envers, remplacé les lettres par des chiffres, tenter un nombre incroyable de comparaisons, jamais elle ne trouva de réponse. Quand cela serait le cas, le parchemin devrait tombé en poussière, comme pour appuyer sur la facilité, mais également comme une petite moquerie. Akram était farceuse et malicieuse, ce que Nastran aimait énormément chez cette femme, « la plus belle de tout le monde entier ». Elle savait qu'une fois la réponse trouvée, il y aurait un signe, mais elle ignorait sa forme. La jeune femme n'attendit pas de réplique à l'énigme, sachant qu'il n'en aurait pas une à lui offrir tout de suite. Elle le regardait et il pouvait deviner que son regard était diriger vers lui.


  • « Pourquoi veux-tu voir le visage de Nastran ? demanda-t-elle timidement. »

  • De toutes les choses passionnantes qu'il y avait à Ashgabad, il préférait s'intéresser à une magicienne et le masque qu'elle portait, ce qu'il y avait en dessous. Mais en dessous, elle en était persuadée, il n'aurait que la déception. Il patientait inutilement si l'on pouvait dire, et peut-être pour ne jamais la voir.
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    Shahbaz Faraz

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    MessageSujet: Re: Visite Coutumière   Visite Coutumière EmptySam 09 Oct 2010, 21:18

      Apeurée, semble-t-il. En effet, Nastran n'avait pas vu venir mon changement soudain de comportement, ce revirement brutal d'humeur. Elle ne m'avait pas senti passer d'un calme inhabituel à une telle impatience. Cela dit, elle aurait dû s'en douter : il n'était pas dans mes habitudes de rester immobile trop longtemps. Jamais je ne restais silencieux, jamais je ne m'attardais dans la même salle, au même endroit à faire la même activité. C'était l'avantage du vol : la routine ne pouvait pas s'installer, chaque bâtisse avait sa propre architecture ainsi que son lot de secret ; et l'académie Shams-Sabah semblait avoir bon nombre de mystères à cacher encore. Lorsque je n'aurais plus de mission à exécuter pour le compte de la magicienne, il faudrait que j'envisage de la fouiller un peu plus amplement que ce que j'avais déjà fait. Quoiqu'il en soit, après le bond défensif que Nastran avait fait, doucement, la confiance était revenue et avec tout autant de précaution au moins, elle avait surveillé le moindre de mes gestes avant que je ne revienne à sa hauteur. Cette mystérieuse sphère m'avait alors été confiée et la demoiselle n'avait pas prêté plus d'attention que cela à ce que j'en avais fait. En dépit de mon caractère sensiblement peu soigneux, j'avais fais attention à ne pas abimer cet objet qui semblait si précieux.

      Muette et soudainement désintéressée, Nastran avait déjà tourné les talons afin de reprendre le chemin du retour, envisageant d'emprunter à nouveau le tunnel reliant sa chambre et cette pièce. D'autres personnes étaient-elles au courant de l'existence d'une telle réserve ? Une sorte de salle aux trésors, mais des trésors qui n'ont aucune valeur pécuniaire : ceux qui ne sont pas évaluables sur ce plan. Combien aurais-je donné pour retrouver un portrait de ma mère, d'ailleurs ? Au fil des années, son visage s'était tout bonnement effacé de ma mémoire. Ironique, non ? Moi qui suis en mesure de me souvenir du plan de chacune des maisons que j'ai visité depuis plusieurs années, je me vois dans l'incapacité de restituer un visage à une personne qui m'est chère. Bref. Mon impéritie ponctuelle m'empêchant de lire le parchemin que j'avais récupéré, j'avais été contraint de rappeler Nastran afin qu'elle m'aide, afin qu'elle me lise ces inscriptions toutes semblables pour moi. Elle s'était alors stoppée avant de refuser le parchemin que je lui tendais. Un temps, j'ai pensé qu'elle se refusait à m'aider ; un temps seulement car bien vite, sa voix cristalline rompit le silence harassant.

      Outre le fait qu'elle m'ait en effet aidé à lire ce parchemin ; un autre problème se présentait maintenant à moi : je me devais de retenir ce qu'elle venait de réciter par cœur. C'est sans nul doute à force de lire cette énigme que Nastran avait appris à la restituer telle quelle, cela dit pour ma part, c'était la première fois que je l'entendais et il m'a fallut quelques minutes pour bien enregistrer les paroles prononcées. J'aurais été grandement tenté de me répéter de nombreuses fois encore l'énigme ; mais la magicienne posa une question qui attira, à son tour, mon attention. J'avais donc deux choses à faire et rapidement si possible : d'une part, je devais retenir l'énigme que je me refusais à lui faire répéter, d'autre part, je devais songer à la question posée et lui répondre. Nastran me fixait, désireuse de savoir, bien qu'un peu timide, apparemment. Cette attitude me fit sourire, alors même qu'il y a quelques instants, c'est moi qui avait cet air là. Le choix fut fait assez rapide, une nouvelle fois l'énigme traversa mon esprit et c'est alors que je me décidai à songer à ses interrogations.

      Un défi personnel. Voilà ce par quoi tout avait commencé. Il était à l'origine de ma venue dans cette forteresse, à l'origine de ma rencontre avec Nastran, et à l'origine de ce que j'étais maintenant. Si je ne m'étais pas lancé ce stupide défi, j'ignore ce que je ferais aujourd'hui. Mais devais-je lui faire part de cette motivation première ? Je devais réfléchir à ce que j'allais lui dire dans les prochaines minutes : loin de moi l'envie de la blesser ou encore la vexer de par mes propos. J'étais, apparemment, l'une des personnes qu'elle côtoyait le plus, sans compter que j'aimais lui tenir compagnie : on parlait de choses et d'autres ; et, bien évidemment, c'était elle qui, en plus, m'employait bien souvent pour aller voler ça et là, ne me laissant ainsi aucun répits à ma plus grande satisfaction. Cela dit, j'hésitais encore un peu quant à la réponse à donner. Ma fierté m'avait incité à venir la trouver, et j'étais alors désireux de voir son visage sans but précis. Par simple curiosité et pour voir si les rumeurs étaient vraies, je voulais être le premier qui la verrait. A croire que ma jeunesse, à l'époque, me rendait idiot. Pourtant, au fil des semaines, et des mois à son service, ma motivation a changé. J'ignore encore quand s'est produit ce changement, toujours est-il que je ne voulais pas voir son visage pour vérifier lesdites rumeurs ; je le voulais pour elle simplement, et bien sûr, pour moi aussi.

      Réunir toutes les causes liées à une conséquence n'a rien de simple et la tâche m'était tout particulièrement complexe. Voilà déjà plusieurs minutes que j'avais le regard vaguement posé sur elle, ou plutôt sur son masque, à songer à l'agencement de mes mots par rapport à sa phrase. Et puis finalement un long soupir m'a échappé alors que je reposais la sphère sur une table, rangeant le parchemin dans la pochette crochetée à ma ceinture non sans l'avoir contemplé encore un instant. Là encore, j'ai songé à l'énigme posée. De quoi pouvait-il bien s'agir ? Était-ce une personne, un objet ou autre chose encore ? Quelque chose de palpable ? Le moment n'était pas encore venu d'y songer, j'avais tout mon temps pour y réfléchir, et si en plusieurs années, Nastran n'avait pas été en mesure de trouver une réponse, j'avais bon espoir de quelque temps de réflexion encore. Un nouveau pas vers elle, encore, et un sourire étira mes lèvres. Ce sourire insolent que, d'ordinaire, je réservais aux gardes, ou que je lui adressais lorsque je me moquais d'elle. Ici, c'était plutôt pour me protéger et lui faire comprendre que je n'avais rien trouvé de mieux que la plaisanterie pour lui répondre.

      - Je n'ai que faire des rumeurs à ton sujet, je suis persuadé qu'elles sont infondées. Alors je veux être celui qui fera taire cette fichue rumeur de monstre en révélant ton beau visage. Je veux être celui qui sera considéré comme le Chanceux. L'homme qui a côtoyé une divine princesse alors que les autres médisaient à son sujet, n'ayant rien de mieux à faire que de calomnier. Le seul, l'unique : le grand Shahbaz !

      Attirer l'attention, détourner le sujet ou encore rester évasif était une autre de mes spécialités. Cela dit, ce que je venais de dire avait un fond de réalité, comme toujours. Mais peu importait la réputation que je pouvais bien avoir après... D'ailleurs, Nastran ne trouverait peut-être pas cette plaisanterie à son goût car, après tout, elle était la première à croire à ces sornettes... Je devais être le seul à ne pas y croire. Un plus large sourire lui fut offert une nouvelle fois alors que je la contournais, me dirigeant à mon tour jusqu'au tunnel avant de m'arrêter juste devant. Mon corps pivota sur lui-même tandis que ma tête se laissait aller négligemment en arrière.

      - Bon alors... On va le voir, ce bazar ?

      Me rendre au beau milieu de la ville d'Ashgabad, en plein bazar, n'était pas la meilleure mission qu'elle ait été en mesure de me confier. Je puis comprendre que la magicienne ait envie de sortir un peu, mais de là à se retrouver avec autant de monde... D'ailleurs, comment allions-nous sortir d'ici discrètement ? A moins qu'un autre passage se trouve dans sa chambre pour nous conduire tout droit au beau milieu du désert, je ne voyais pas réellement. Quoique, connaissant un peu Nastran, elle était bien capable d'avoir prévu un plan en si peu de temps. Oui, il nous arrivait d'avoir quelques points communs, parfois. Inconsciemment, j'avais repris la marche et j'étais à nouveau entré dans le passage : ma main droite longeant encore la paroi, et plus exactement, celle qui était à l'opposé du mur à l'aller. J'eus alors tout le loisir de songer encore à l'énigme qui serait la source, dorénavant, de la plupart de mes réflexions.

      ' Je peux te rendre heureux ou te faire pleurer.
      Je peux t'aider ou te faire sombrer.
      Je peux être source de méfiance ou de confiance.
      Personne ne peut expliquer ce que je suis.
      Et rien ne peut me contrôler. '

      Oubliant encore la réalité dans laquelle je me trouvais, je continuais d'avancer en fondant diverses théories. Le voleur que je suis songea tout de suite aux biens purement matériels : l'argent, par exemple. Il pouvait rendre heureux lorsqu'on en avait à profusion, mais également malheureux si on était pauvre, si on ne pouvait plus se permettre de vivre, mais de survivre simplement. Il peut, bien entendu, aider ; mais en abuser peut jouer des tours et on dit d'ailleurs que l'Argent ne résout pas tout. Acheter quelqu'un peut amener la méfiance mais ce peut être aussi un gage de confiance... Cela dit, voilà qu'à la quatrième phrase, rien n'allait plus : tout le monde était en mesure d'expliquer ce que l'argent était, bien qu'il ne soit pas possédé par tous. J'ai alors laissé tombé mes songes de voleur pour devenir peut-être un peu plus poétique, et songer davantage à Nastran. C'était sa grand-mère qui avait créé cette énigme, alors il devait forcément y avoir un rapport avec la magicienne. Qu'aimait-elle ? La lecture ? Les richesses, les... Étoiles ?

      Une étoile peut rendre heureux. La contemplation des étoiles est un spectacle magnifique et Nastran l'avait d'ailleurs rappelé peu avant. Par ailleurs, certains disent que lorsqu'un proche meurt, une étoile apparaît dans le ciel : or, la perte d'un être en fait pleurer certains. Lorsqu'on connait certaines étoiles, on est en mesure de se repérer, d'être aidé... Cela dit ce n'est peut-être pas quelque chose en quoi on peut faire confiance. Pour la troisième phrase, je n'étais pas bien sûr de moi : on ne sait pas grand chose des étoiles alors, peut-être peuvent-elles être source de méfiance, aussi inoffensives soient-elles. Pour d'autres, elles permettent de se confier, elles sont à l'écoute de maux qu'on n'ose dire à quiconque. A ma connaissance, on ne savait pas encore vraiment ce qu'étaient les étoiles, après tout, personne n'avait pu les approcher. Et, jusqu'à preuve du contraire : personne n'était en mesure de les contrôler non plus. J'avais peut-être trouvé, pourtant certaines de mes pensées me laissaient perplexe : un doute demeurait et je n'aimais pas affirmer des choses dont moi-même je n'étais pas certain.

      Réfléchir à tout ceci m'avait permis de ne pas voir le temps passer. J'étais à nouveau dans la chambre de la magicienne, comme par miracle, et je n'avais plus maintenant qu'à attendre les directives suivantes. Je m'étais décidé à laisser un peu cette énigme de côté pour mieux me concentrer sur la nouvelle mission confiée par Nastran ; au moins, maintenant, elle était tranquille : tant que j'avais l'énigme, je ne l'inciterais plus à me dévoiler son visage. Mes bras se hissèrent fébrilement au-dessus de ma tête, étirant mon corps alors qu'un gémissement bref outrepassait mes lèvres. Quelques pas dans la chambre, puis quelques sauts sur place et voilà que j'étais en mesure de repartir. A peine Nastran de retour dans la pièce : je lui parlais déjà.

      - Bon ! Comment on y va, tu as une idée ? Tu veux acheter quelque chose, au bazar ? Ah et... Il y a d'autres passages secrets comme celui-là, dans ta forteresse ?
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    Nastran Shams-Sabah

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    MessageSujet: Re: Visite Coutumière   Visite Coutumière EmptyLun 22 Nov 2010, 01:29

      Il est vrai qu'elle pouvait douter de la stabilité de Shahbaz. D'ailleurs Nastran avait déjà pu observer qu'il ne maintenait jamais longtemps la même occupation, principalement lorsqu'elle n'était pas longue. Il pouvait commencer par regarder par la fenêtre et finir par une promenade au milieu des jardins ( en passant par la fenêtres, histoire de donner une suite logique à ses action ). Cela était aussi valable pour ses humeurs. Ce qui était assez drôle, puisque d'instinct elle s'adaptait au jeune homme : si d'une seul coup il s'énervait, elle en faisait de même, au contraire si il demeurait calme, elle suivait, tout comme lorsqu'il plaisantait, elle jouait le jeu. Moins extravertie, voir faiblement ouverte, la magicienne laissait le soin à Shahbaz de mener leurs entretiens, bien que parfois il lui arrivait de prendre les devants, mais plus sur un coup de tête qu'avec réflexion.

      Ignorant totalement ce qui se passait dans la machine très travailleuse qu'était le cerveau du voleur, Nastran attendait toujours sa réponse. Toutefois, pensant qu'il mettait un chouilla de temps infime à répondre, elle commença à se demander pourquoi cette éternité ! Mais il répondit avant qu'elle ne s'interroge plus profondément. Il s'arma de son sourire, l'insolent, comme prêt à la taquiner. Elle se préparait d'avance à ne pas se vexer, elle qui était parfois d'une extrême susceptibilité ( et il s'était déjà moquée d'elle pour ça ). Malgré qu'il veuille cacher son égo si grand que même lui ne pouvait le voir dorénavant, elle devina qu'il y avait de l'orgueil cachée sous ses paroles. Un orgueil typiquement masculin qui refuse de s'arrêter à cause d'un obstacle. Même dans un cas désespéré, il fonce tête baissé. . . et même tête levée pour lui c'était déjà décidé : il allait gagner. Ou plutôt : il a gagné. C'était indéniable. . . Sauf au regard de la jeune femme. Elle ne dit rien, haussant seulement les épaules pour la sortie. Il se pourrait bien qu'après tout, elle n'avait plus envie d'aller au bazar.

      Elle garda le silence, s'afférant à remettre en place l'armoire une fois qu'ils eurent quitté le passage. Une seconde fois elle usa de toutes ses petites forces, toujours aussi risibles que plus tôt, poussant sur ses jambes que même la marche pouvait rendre douloureuse douloureuses. Les efforts se firent moins sentir puisqu'elle pensait en même temps, n'écoutant qu'à peine la nouvelle question du voleur. Une fois le meuble remis en place, elle garda une main dessus pour se retenir et tentait de reprendre une rythme convenable pour sa respiration. Essoufflée, elle dit :


      « Il est dans la nature humaine de vouloir obtenir ce qu'elle ne peut avoir, mieux encore : ce que les autres ne peuvent avoir. Ta fierté est si grande qu'elle ne se déloge de tes paroles. Ainsi, Nastran serait un trophée pour toi ? »

      Elle se redressa, reprit un port plus propre à sa condition et récupéra une voix normale.

      « Sa vanité n'est pas touchée par ton orgueil, Shahbaz. »

      Évidemment, il était certain pour la magicienne que jamais il ne découvrirait son visage, pas même un millimètre de sa peau. Son égo n'en serait pas renforcé selon elle. Elle passa ce sujet pour revenir aux précédents, abordés par son interlocuteur.

      « L'académie et les parties privées ont toutes un lot considérable de passages secrets ainsi que des pièges. Il suffit parfois d'avoir l'œil avertit et une observation fine, mais d'autres sont indécelables, d'autant plus que les archives ne sont accessibles qu'à la propriétaire et à un nombre limité de ses architectes. »

      Peu de monde, mais cela était suffisant. Nastran ne ressentait pas le besoin d'être trop entourée. De plus elle disposait des meilleurs dans leur domaine et n'avait pas besoin de renouveler ses employés. Toutefois, elle pourrait bien laisser l'accès aux plans à Shahbaz, maintenant qu'elle le connaissait mieux. Entre-temps elle avait songé à la ville, particulièrement à se retrouver prise en dedans. La crainte supplanta le peu de courage qu'elle était parvenue à placer dans ce projet dérisoire pour sa personne. Avec bien plus de raison elle finit par dire :

      « Nastran n'est plus sûre de vouloir se rendre trop loin de chez elle. Ne préfèrerais-tu pas une promenade dans les jardins ? »

      Rien à voir avec une ballade en ville, enfin ! Elle avait prit conscience de ce qu'était une foule et avait finit par l'appréhender à force de laisser le temps passer. Qui sait ? Si Shahbaz n'avait pas aborder sa tenue vestimentaire, peut-être seraient-ils avec une marchande d'épices et d'autres voleurs. Pour l'instant, elle n'y pense pas davantage qu'aux baigneuses qui voulaient coincer Shahbaz. Elles avaient du être avertie par le service fait dans la chambre de la magicienne ( le thé à la menthe et l'eau extrêmement fraîche ), et si elle n'avait pas vu le beau gosse parader dans les couloirs jusqu'à maintenant c'est qu'il leur avait filé entre les doigts.
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    Shahbaz Faraz

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    MessageSujet: Re: Visite Coutumière   Visite Coutumière EmptyLun 29 Nov 2010, 23:28

      Naturellement, comme pour se rendre à la petite pièce cachée, je n'avais pas aidé non plus Nastran pour remettre l'armoire à sa place et cacher le passage. De toute façon, même si j'avais eu seulement l'idée de l'aider à accomplir sa tâche, elle ne l'aurait pas accepté et m'aurait repoussé. Sans doute. Quoi qu'on était en droit de se poser quelque question lorsqu'on voyait le mal qu'elle avait à faire un tel déplacement. S'appuyant sur le meuble de bois pour reprendre son souffle, la magicienne prit la parole sur un ton modéré, lui donnant tout de même le temps de se remettre de l'effort inhumain qu'elle venait de fournir. Les paroles de Nastran était plutôt jolie. Pour moi qui ne m'embarrassais jamais, ou presque, de telles formules, j'y trouvais un grand charme ; cela dit je ne voyais pas là l'intérêt de se mettre en de tels états. Quel mal y avait-il à voir son visage, ou une simple parcelle de sa peau ? Qu'importe ce qu'elle pouvait penser : elle devait se faire à l'idée que je gagnerais. Parce que c'est ce que je ferais, en plusieurs autres années encore, peut-être, mais je le ferais un jour ou l'autre. Et, le plus tôt sera le mieux.

      Ainsi donc, Nastran était un trophée pour moi. C'est tout du moins ce qu'elle avait l'air de déduire de mes propos. A cela, je ne trouvai rien de mieux à faire que de hausser négligemment les épaules. Ce n'était pas là ce que je signifiais. Je n'attachais pas de valeur à la magicienne, ou plutôt si, je lui en attachais une dans le sens où, à mes yeux, la demoiselle était inestimable. Je l'avais découverte au fin fond du désert dans son académie, et le mystère qui planait autour d'elle et de son monde avait su m'ensorceler. Mais voilà qu'au fil des années, l'ensorcellement demeurait et n'avait de cesse de se renouveler. Il n'était peut-être pas judicieux de déplaire à la magicienne ; si je la vexais de trop, ou pire, si je la mettais en colère pour une pensée qu'elle aurait mal interprétée, elle serait en mesure de me congédier. Or je ne me voyais pas revenir à la vie normale après avoir vécu là. J'étais une sorte de voleur attitré, un voleur qui se faisait payer pour la seule et unique chose qu'il savait réaliser à merveille : chaparder, à des personnes, des objets qui leurs appartenaient. Bref. Non, elle n'était pas un trophée pour moi, je n'irais pas l'exposer à tous ; simplement, c'était un objectif que de voir au moins partiellement son visage. Cela dit, je l'avais déjà vu par le passé, par l'intermédiaire du tableau trouvé dans la pièce secrète. La magicienne se redressa enfin, semblant avoir retrouvé tout le souffle nécessaire pour reprendre une allure distinguée. Les paroles reprirent alors.

      Sourire. Je ne trouvai rien de mieux à faire que de sourire aux paroles qu'elle apportait maintenant. Que pouvais-je dire face à tout ceci ? Tant mieux si elle ne se trouvait pas affectée de mon orgueil et de l'ambition de mes actes. Mieux valait qu'il en soit ainsi ; elle serait simplement contrainte de changer de point de vue lorsque je retirerais de mes propres mains le masque qu'elle fixe constamment à son visage. Un silence léger, fragile, fut marqué et elle reprit encore une nouvelle fois la parole, changeant cette fois-ci de sujet. Excellente initiative, car, en effet, sur le sujet abordé précédemment, nous nous entêtions à camper sur nos positions... A un point tel, et si bien qu'il ne servait à rien d'aborder le sujet : Nastran restait sur sa longueur d'onde et moi je faisais la sourde oreille. Et inversement, cela va de soit. Cela dit, le sujet abordé tout nouvellement était tout aussi important à mes yeux. Tout aussi important et peut-être même plus puisqu'il n'y avait pas véritablement eu de discussion jusqu'à maintenant ; plutôt un échange sourd d'arguments contraires. Ainsi, l'académie et les parties privées avaient bon nombre de passages secrets à entendre Nastran. A ces mots, mon visage s'illumina sans doute. Bien évidemment, fidèle à moi-même - décemment, on ne me changera pas -, je n'entendis de ce qu'on me disait, que ce qui me plaisait. Si bien que les pièges mentionnés ne m'atteignirent nullement. Pourtant je n'étais pas sans le savoir, c'était ces mêmes pièges qui m'avaient coincé et fait connaître à la fois des gardes et de Nastran, le premier jour de mon intervention en ces lieux.

      Tout semblait être répertorié dans les archives. Alors mon prochain objectif serait de me frayer un chemin jusqu'à ces fameuses archives pour y trouver tous les passages, si elle ne désirait pas me les indiquer. Si tant est, tout naturellement, qu'elle puisse tous les connaître. Un temps silencieux ; et Nastran conclut enfin sa prise de parole en émettant une nouvelle proposition qui, là encore, me fit sourire. Voilà que la magicienne n'était plus certaine de vouloir se rendre au milieu de la foule, dans le bazar. Elle estimait la distance trop grande et de ce fait, par voie de conséquence, l'insécurité trop constante. Elle visait bien plus petit, une portion de terre plus proche et, bien qu'elle soit plus minime, bien plus joli sans doute que la première idée qui lui avait traversé l'esprit. Quoi qu'il pouvait y avoir des avis divergents à ce sujet. Disons simplement que les jardins de la propriété de Nastran étaient plus calmes et plus tranquilles. Ce n'était pas vraiment un environnement qui me convenait au vue de mon activité, de mon impatience également. Malgré tout, cette proposition m'accommodait et je me contentai de gratifier la magicienne d'un large sourire. Une promenade dans les jardins serait parfaite ; j'acquiesçai dans la seconde... Comme bien souvent, l'enthousiasme avait primé et j'avais accepté sans même réfléchir. Déjà, je m'étais retourné et m'apprêtais à ouvrir la porte de la chambre de Nastran. Oui mais lorsque ma main se posa sur la poignée, un élément me revint en mémoire. Mon corps poussiéreux, mes cheveux en bataille, mêlés au sable... Si les baigneuses n'étaient pas encore au courant de mon arrivée, il ne s'agissait là que d'une question de temps et je me refusais justement à en perdre entre leurs mains - encore une idée arrêtée sur quelque chose d'une importance moindre. Mon premier réflexe fut de faire volte-face pour tourner le dos à la porte et faire à nouveau face à Nastran. Oui mais un nouvel élément - encore un -, s'insinua dans mon esprit. La magicienne n'était pas des plus physiques, la simple preuve étant tout le mal qu'elle avait eu à pousser, puis tirer l'armoire de sa chambre. Cette caractéristique mettait à mal l'idée qui venait de germer en mon esprit : nous ne pourrions pas passer par la fenêtre de la chambre. Sauf si, éventuellement, la magicienne avait soif d'aventure.

      Rusé, malin... Mais également attentionné, au moins vis-à-vis de Nastran. Inutile de lui faire prendre des risques inutiles sous prétexte que j'éprouvais une sorte de crainte à passer par la case "bains". Un bref soupir m'échappa et un nouveau demi-tour fut réalisé. Je restais toutefois prudent et c'est en silence que j'actionnai la poignée, puis que je passai la tête dans l'entrebâillement de la porte. A priori, il n'y avait personne dans les couloirs, alors le voleur que je suis s'autorisa quelques pas tout en restant toujours aussi méfiant. A me voir ainsi faire, on aurait pu penser que je cherchais à voler l'académie, c'est un peu comme si j'étais en pleine mission ; et pourtant non. D'ailleurs, par delà le problème des baigneuses, il y avait aussi celui des gardes. Pourquoi fallait-il que je cherche toujours à déjouer leur surveillance ? Cette manie que j'avais ne me valait pas les amitiés les plus chaleureuses de leur part. Et si je m'abstenais d'entrer par la grande porte, bizarrement, je m'efforçais aussi de repartir tout aussi discrètement afin d'éviter toute altercation inutile... Et pourtant une envie brûlante, lancinante même, me commandait presque d'aller narguer les gardes. Bref, pour l'instant, là n'était pas la question. Je me contentais de tenir compagnie à Nastran et pour une fois, je prenais mon temps. Mes pas se faisaient lents, je découvrais presque les lieux pour la première fois. Par ailleurs, ma curiosité avait été piquée au vif au préalable, si bien que mes yeux détaillaient un peu plus encore les environs, ayant la ferme intention d'y trouver un passage secret qu'ils n'auraient pas encore décelé.

      Au détour d'un couloir, alors que je m'efforçais toujours de rester à proximité de Nastran - d'abord pour remplir le rôle qu'elle m'avait demandé de remplir, et ensuite pour m'assurer que personne ne viendrait m'importuner sous prétexte que j'étais en compagnie de la maîtresse des lieux -, j'eus la malchance d'entrapercevoir un garde qui semblait rejoindre son poste. Certes, je n'eus le temps que de l'apercevoir, tout comme l'autre, cela dit, un regard perçant me fut adressé. Un regard qui se voulait peut-être inquisiteur alors même que cet heureux hasard, alors même que le fait d'avoir croisé ici un garde, me faisait sourire. Ce même sourire triomphant exprimant tout l'orgueil que je pouvais bien contenir en moi. Je laissais ainsi suinter de ce sourire et de cette attitude une apparente fierté redoublée d'une arrogance sans nom. J'étais fier. J'étais fier de m'être une nouvelle fois incrusté en ces lieux sans avoir eu à passer par la grande porte. J'étais fier encore, d'avoir déjoué les plans des baigneuses au moins pour le moment. J'étais fier enfin d'avoir extirpé Nastran à sa chambre. Fier de voir qu'elle s'autorisait une sortie dans sa propre demeure, dans ses somptueux jardins.

      Naturellement, tous ces sentiments parcourant mon corps de voleur ne firent pas durer le temps du voyage. Lorsque je revins à la réalité, Nastran et moi étions déjà arrivés à hauteur des jardins. Nombre de fontaines étaient érigées au milieu de ce coin de verdure. Leurs eaux parfois translucides, parfois colorées, laissait courir les imaginations les plus fertiles. Ce paysage était digne des plus beaux contes, les arbres semblaient vouloir étendre leurs branches jusqu'au ciel et les fruits crochetés à leurs branches n'attendaient que d'être cueillis. Au delà du simple plaisir visuel, venait se mêler une douce fragrance des plus agréables. Une odeur à la fois douce et piquante. Acidulée, mais délicate. Le bruit de l'eau ruisselant entre les arbres, se frayant un chemin dans ce havre de paix, venait ajouter une touche nécessaire à la conclusion d'un parfait environnement. Une sérénité certaine s'extirpait de ces jardins. Qui sait, après cette balade, Nastran viendrait peut-être d'elle-même dans ses propres jardins, d'une façon plus répétée peut-être même. Je l'espérais presque. Pour la changer de son quotidien mais pour qu'elle s'extériorise un peu également, de par sa propre initiative, qui plus est. Quoiqu'il en soit, la balade n'était pas finie maintenant et à dire vrai, elle venait tout juste de commencer. Mes bras se tendirent au-dessus de ma tête et mes mains se joignirent entre elles, me permettant ainsi de m'étirer un peu. Un sourire franc étira mes lèvres et en un rien de temps, voilà que j'étais au milieu des arbres et des senteurs diverses. Voilà que moi aussi, je me mettais à observer les alentours comme si je n'y étais jamais venu.

      - Bon, et maintenant ? Tu veux voir quelque chose en particulier ?
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    Nastran Shams-Sabah

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    MessageSujet: Re: Visite Coutumière   Visite Coutumière EmptyVen 03 Déc 2010, 23:48

    Nastran ne fut pas étonnée que Shahbaz ne proclame plus d'avis sur ce qu'elle pouvait être ou non. De plus cela l'arrangeait, elle en avait assez de parler d'elle et de ce qui pouvait lui arriver. Ils restaient l'un comme l'autre sur leur position, convaincus qu'ils avaient raison chacun de leur côté. Par ailleurs, ils étaient si têtus que jamais ils ne revenaient en arrière et préféraient passer à autre chose. Ils étaient conscients de leur opiniâtreté, très difficile à plier.

    A l'évocation des secrets de la forteresse, le voleur se contenta de sourire, comme un enfant face à un jeu d'énigmes qu'il s'impatientait à résoudre. C'est à peine si il avaient entendu que des obstacles pouvaient lui barrer la route. Si cela pouvait lui faire plaisir, la magicienne n'y voyait pas d'inconvénients. Il pouvait se promener tant qu'il le voulait dans sa si vaste demeure. Personne ici n'était entravé exceptés elle et les voleurs ennemis. Pour ces derniers elle n'accordait aucune pitié. Seul Shahbaz, le grand, le majestueux, l'intelligent Shahbaz, pouvait se permettre d'aller et venir à sa guise. A lui seul elle ne voulait aucun mal. Même ses domestiques les plus anciens et fidèles n'avaient pas tant d'estime. Enfin, anciens pour ceux qui avaient pu le rester jusqu'à ce jour, ils ne sont pas nombreux.

    Sans chercher à comprendre davantage, Shahbaz accepta la nouvelle proposition de Nastran. Elle en fut ravie, premièrement craintive qu'il la traite de peureuse. Elle avait parfois trop peur d'être incomprise, mais lui ne posait pas de questions, il se contentait de l'épauler. Leur relation maladroite montrait mal toute l'affection que l'un pouvait se porter à l'autre. Imaginez ! Une magicienne richissime maîtresse d'un bijou de l'architecture, et un voleur habile, liés par une amitié singulière. Un défi les réunissait, mais plus encore au fil du temps.

    Son "compagnon de route" partait déjà sans paroles, n'usant que de gestes comme réponse. Puis il sembla tilter, ce qui laissa perplexe la petite Nastran. Chassant ses doutes, il reprit le chemin pour les jardins, sans commentaires. Que craignait-il ? Nastran se le demandait. Probablement les gardes, qui en sa présence n'oserait pas l'approcher. Ils savaient la magicienne très susceptible, tout comme le personnel de la maison. Tous redoutaient les ordres et décisions de la jeune femme, irréversibles. Aucun ne tenterait de la contrarier, quand bien même ils pensaient que ses actions n'étaient pas forcément les meilleures. Seuls les professeurs et les architectes se le permettaient, car elle offrait un énorme respect du à leur grande intelligence et aspirait à les égaler un jour, si ce n'était déjà fait.

    Commençait une partie de cache-cache. Tout d'abord, Nastran ne le sut pas. Elle avait bien vu le temps d'hésitation du large et musclé voleur, seulement à voir sa carrure et sa démarche assurée il était impossible d'y déceler de la crainte. Il jouait. Avec qui, elle ne le savait pas et ne le lui demanda pas. Quoi qu'il en fut, elle demeurait en retrait, malgré qu'elle affichait une certaine indifférence à circuler dans son palais. Elle était chez elle, il lui était inconcevable de faire comme si ce n'était pas le cas. Elle fit toutefois quelques efforts pour ne pas les faire repérer, ainsi que ne pas décevoir le jeune homme.

    Plus ils avançaient vers la sortie, plus son ventre se nouait. Elle ne faisait pas attention au luxe qui se montrait partout, tant les tapisseries que les sculptures, boiseries, tentures, tableaux, et j'en passe. Le palais n'était qu'opulence. Et elle ne voulait voir que les jardins. Pour quelqu'un de purement matériel, cette idée saurait passer pour saugrenue. Les battements de son cœur n'avait de cesse de résonner dans ses tempes tandis que Shahbaz posait sa main sur la poignée de la porte. Un temps, son cœur sembla cesser de battre, sa respiration ne se percevait plus. Le stress de la joie engourdissait ses genoux, ses reins lui piquèrent. Et il ouvrit la porte. Enfin. C'était comme un songe, aussi insensé que réel.

    A l'opposé des sensations d'il y a peu, elle n'entendait plus ses battements cardiaques, mais sa respiration l'assourdissait. Elle dut se faire violence pour rejoindre le jeune homme qui semblait aussi à l'aise qu'elle dans une bibliothèque, soit comme un poisson dans l'eau. Pour elle qui n'avait pas foulé le sol extérieur depuis des années, ce fut une découverte. Cela ressemblait temps aux miniatures qui illustraient ses contes ! Mais en mieux. de si près, elle admirait avec fierté l'agencement qu'elle avait imaginé, heureuse qu'on l'ai suivit à la lettre. Pour la première fois depuis très longtemps, un flot olfactif se fraya un chemin à travers son masque pour s'engouffrer dans ses narines. Les verts feuillages irradiaient sous la lumière solaires, tandis que l'eau dorée se faisait amicalement rivale avec cette dernière. Alors que les citronniers retenaient péniblement leurs fruits, les figuiers en avaient laisser choir quelques uns. Bientôt, quelqu'un passerait les ramasser pour faire des confitures. Nastran pouvait donc admirer, après tout ce temps passé, la nature épanouie avec la plus innocentes des sincérités. Elle jeta un regard au ciel et devait bien admettre que son masque la gênait dans son adoration. Elle aperçut la grande cage dorée où se reposaient des centaines de volatiles colorés, le ciel se refléter sur les dômes de l'académie. Puis elle préféra agir plutôt que de rester sans rien faire. Courant comme une gamine vers le premier arbre de son chemin, elle s'écria :


    « Shahbaz ! ! C'est un arbre ! »

    Oui, elle était enjouée pour un arbre. Ce qui était un élément courant pour quelqu'un de normal était pour elle une source de curiosité. Timidement, elle questionna, toujours dans sa plus grande naïveté :

    « Tu crois que Nastran peut le toucher sans risque ? »

    Seulement elle n'attendit pas son conseil, elle se retourna, caressant déjà l'écorce du bout des doigts, confuse. Elle comprenait à peine ce qui se passait. Ses exclamations de joie pouvaient sembler étranges. Non, en réalité elles sont étranges pour le sujet qui les crée. Seulement elle ne se souciait pas de ce que pouvait penser le voleur à son sujet. Pour une fois, il passa deuxième dans son centre d'attention - ce qui était extrêmement rare lorsqu'il était à ses côtés. Elle déganta une de ses mains, l'approchant farouchement de l'arbre, comme un animal craintif qui s'attendait au plus grand des dangers. Un instant elle y colla sa paume, sentant la rugosité ainsi que la chaleur du bois, et la retira. On aurait cru que le feu l'avait brûlée.

    « C'est dur ! Cela change des échantillons que Nastran manipule habituellement. »

    Confuse, elle rétracta sa main contre son corps et la remis dans son gant avec un peu de maladresse. En croisant le regard de Shahbaz, cela l'avait remmenée à plus de conscience. Elle en fut si gênée qu'elle baissa la tête, redoutant une éventuelle remarque. D'un ton assez faible elle demanda :

    « Que fait-on dans un jardin ? »

    Et oui, on a beau lire des livres, si on ne sort pas à l'extérieur pour vivre, on ignore le double de ce qu'on a appris.
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    Shahbaz Faraz

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    MessageSujet: Re: Visite Coutumière   Visite Coutumière EmptyDim 12 Déc 2010, 20:19

      Sans doute passionnée par les découvertes successives auxquelles elle était confrontée, Nastran semblait s'être totalement éloignée du monde dans lequel elle vivait initialement. Peut-être se voyait-elle comme en plein rêve, auquel cas, j'en étais heureux. En partie grâce à moi, elle avait découvert l'environnement dans lequel elle évoluait - l'environnement s'étendant au-delà de la bibliothèque et des livres la peuplant, en tout cas. Il était amusant de voir la magicienne évoluer dans les jardins. Elle retombait un peu en enfance, quelque part, et, fidèle à elle-même, Nastran avait toujours soif de connaissance. Les jardins de sa propriété étaient spacieux à un point tel qu'elle avait de quoi s'émerveiller. Elle aurait beaucoup de choses à assimiler en quelques heures, tellement de choses que finalement, je restais intimement persuadé que ces mêmes heures ne suffiraient pas. Peut-être nourrissais-je secrètement l'espoir de la voir parcourir à nouveau les jardins, à de nombreuses autres reprises, mais seule, cette fois. Déjà, l'air rêveur, je me voyais percher sur un toit à contempler le ciel azuré au-dessus de moi. Une exclamation me sortirait alors de mes songes et au milieu des arbres étendant leurs somptueuses branches, au milieu de l'eau ruisselant parmi les terres abondamment vertes, je la verrais se promenant simplement. Profitant des choses les plus simples, mais également les plus essentielles. Je la verrai s'intéresser à des êtres qui semblent infimes pour certains. Qu'importe au fond ce que pouvaient bien penser les autres, ce qu'elle pouvait bien faire dans ces jardins. La seule chose qui comptait, c'était cette exclamation. Cette espèce de commencement d'éclat de rire qui laissait filtrer toute la joie et la gentillesse que pouvait bien posséder Nastran derrière quelques manies "différentes de la norme".

      Heureux. Je pense que j'étais heureux de la voir ainsi, passant d'un arbre à l'autre, foulant le sol rapidement pour rejoindre un autre point et s'émerveiller encore et toujours. Cela dit, je connaissais déjà tout ceci. J'avais beau comprendre l'enthousiasme de Nastran, je ne pouvais pas vraiment l'imiter... A plus forte raison lorsque mes yeux allèrent se perdre sur des figues échouées au sol. Voilà un moment que je n'avais pas mangé, et ces fruits mûrs et juteux avaient des airs affreusement tentateurs. Alors que Nastran se mettait à courir - chose excessivement rare -, le voleur que je suis a tourné les talons et a été cueillir quelques une de ces nombreuses figues directement sur l'arbre. Le jus qui s'en libérait était légèrement sucré et bien agréable. Il y avait quelque chose de rafraichissant. Cela dit, je n'ai pas longtemps profité de ce met que déjà, Nastran prenais la parole, me surprenant d'abord, m'amusant ensuite. Ciel ! Un arbre ! Si, juste avant, son enthousiasme ne m'avait pas touché, voilà que la magie opérait doucement. L'imitant, mes yeux s'ouvrirent considérablement devant l'arbre fruitier juste devant moi. Il est vrai que le comportement de la magicienne pouvait semblait anormal, étrange, voire même effrayant. Mais j'y étais presque habitué maintenant. Ou plutôt, quand bien même ses actes, pensées, paroles pouvaient être d'abord source de surprise pour moi, bien vite, la personne dont ils provenaient me revenait en mémoire. Je savais que Nastran, sur certains points, était à part. C'est en partie ce qui me plaisait chez elle. Elle était tout simplement innocente. Chose aussi rare que dangereuse. Et puis, pour tout ce qu'elle avait fait pour moi - et ce qu'elle continuait encore de faire -, je pouvais bien jouer le jeu un minimum...

      - Oh ! Tu as raison !! En voilà un autre !

      Admirant maintenant l'arbre juste devant moi, je me surprenais presque à en faire le tour pour le détailler davantage. Pendant cette ronde autour de l'arbre, Nastran avait posé une question. Une question qui, semble-t-il, ne méritait pas de quelconque réponse puisque déjà, elle se retournait et caressait l'écorce de l'arbre. Un faible sourire étira mes lèvres à la voir faire, et mon corps tout entier se colla au figuier devant moi, observant simplement la magicienne découvrir le monde dans lequel elle vivait. Je suis toutefois forcé d'avouer qu'à la base, je ne pensais pas essuyer une agréable surprise en l'observant de cette façon. Les gants qu'elle portait semblaient la déranger à un point tel que sans même réfléchir, l'une de ses mains vint déganter la seconde. J'ai mis quelques secondes à réaliser ce qu'elle venait de faire sous mes yeux. Bien vite malheureusement - tout du moins, pour elle -, j'ai réalisé l'ampleur de la situation et un plus large sourire illumina mon visage. Nastran avait apposé timidement une main fine et plutôt pâle sur une écorce tranchant avec la couleur de sa peau. Surprise par la matière que ses doigts frôlaient, la magicienne retira violemment sa main avant de partager ses premières impressions.

      Histoire de ne pas rire des commentaires qu'elle pouvait émettre, une nouvelle bouchée de figue fut avalée. Échec cuisant. A peine la bouchée fut-elle avalée que je ne pus empêcher un léger ricanement de passer la barrière de mes lèvres. Il ne s'agissait pas vraiment de moquerie, je crois en tout cas... Juste que la voir ainsi me réchauffait le cœur, alors je riais pour peu de chose. Une fois remis de mes émotions, mon regard croisa celui de Nastran et elle sembla alors gênée, à en juger au ton qu'elle employait. La question qu'elle souleva me coupa toute envie de rire cependant. Que faisait-on dans un jardin ? Excellente question. Reprenant un semblant de sérieux, je me redressai tout en passant l'une de mes mains sur ma nuque. Mes sourcils étaient sensiblement froncés, signe d'une réflexion plus ou moins intense. Que faire ? Et bien nous pouvions toujours nous balader. Mais il fallait qu'elle découvre autre chose que des arbres. Nous pouvions aussi jouer un peu... Il me serait sans doute aisé de la semer dans ces jardins... Ou au moins de lui faire faire le tour de la propriété avant de me laisser attraper. Il était aussi possible de s'assoir simplement au milieu des ombres et de la fine brise flottant et agitant les feuilles des arbres. La dernière suggestion n'étant toutefois pas tentante à mes yeux, j'allais bien m'abstenir de la proposer à Nastran. Une légère moue, cette fois, entacha mon visage.

      - Hmn...

      Basculant un moment d'avant en arrière, je me décidai finalement à bouger à nouveau, rejoignant la magicienne. Un sourire lui fut adressé alors qu'un bref mouvement de tête de ma part l'invitait à me suivre. J'avais, cette fois, dans l'idée de lui faire approcher l'eau. Pas que je m'imaginais qu'elle ne connaissait pas ce liquide - encore que, je ne savais plus trop à quoi m'attendre de la part de la magicienne -, j'avais simplement une autre idée derrière la tête. Une idée qui ne lui plairait peut-être pas, cependant. C'est en trottinant que je m'approchai de l'une des fontaines maculant le territoire de l'académie. Appuyant mes mains sur le rebord de marbre, mes yeux se plurent à observer un temps mon reflet troublé continuellement par les légères vagues formées par les jets. En voyant la couleur de ma peau - même si le soleil était en bonne partie responsable de sa teinte -, je venais de me rendre compte de l'ampleur véritable des dégâts. Si j'étais dans un tel état à chaque retour de mission, pas étonnant que les baigneuses cherchent systématiquement à m'intercepter pour me faire prendre un bain avant que je n'aille plus loin dans la bâtisse. Peu importe de toute façon, là n'était pas le problème pour le moment. L'une de mes mains se souleva alors du marbre en un mouvement presque gracieux avant que mes doigts ne viennent effleurer la surface de l'eau, créant un nouvel obstacle à la propagation naturelle des vagues.

      Approchant dorénavant ma paume de l'eau, ma main finit par être engloutie par le liquide. Nouveau sourire alors que le sable qui était collé à ma peau se détachait peu à peu. L'eau, symbole même de pureté, s'attaquait à tout ce qui pouvait bien recouvrir ma peau pour lui rendre une couleur plus naturelle, une propreté presque parfaite. Et un léger filet ocre s'échappait de ma main, se diluant peu à peu dans l'eau avant de disparaitre finalement. L'eau des fontaines était fraiche. Et comme pour la nourriture, voilà bien longtemps que je n'avais pas frôlé une eau d'une telle température. C'était chose rare en plein milieu du désert, mais je ne m'étonnais plus des phénomènes divers qui parcouraient l'académie. De toute façon, plus ma main s'enfonçait dans l'eau, plus la température semblait augmenter sensiblement. Mon autre main rejoignit sa jumelle avant de récupérer un peu d'eau au creux de leur paume. Extirpant mes membres de l'eau en un bruit reposant, le liquide fut projeté contre ma figure alors que j'en riais presque. L'eau me faisait un bien fou. Un semblant de fraicheur après un voyage éreintant. Après m'être plus ou moins secoué pour retirer les quelques gouttes d'eau stagnant encore sur mon visage, mes mains se collèrent à mes cheveux, les plaquant encore davantage en arrière alors que mes yeux se perdaient dans le bleu du ciel. J'avais presque des allures de statues, ainsi. Presque seulement : la posture ne fut pas gardée longtemps et bien vite, mes mains plongèrent encore dans l'eau. Innocemment, mes yeux observaient encore et toujours la surface presque plane de la fontaine.

      - Et bien on peut se promener, on peut aussi... Jouer !

      Zébrant mon reflet de vagues inutiles, bientôt, mes mains ressortirent l'une et l'autre de l'eau, plus rapidement qu'avant cependant. Plus chargée d'eau également, et loin d'être tournées vers moi. Ce geste n'avait pas eu pour effet de me rafraichir cette fois-ci, la cible de ce second geste avait été Nastran. Et je ne l'avais pas loupé. Peut-être ne l'avais-je pas autant mouillé que ce que j'avais espéré, mais elle l'était au moins un minimum. Riant d'une nouvelle ânerie réalisée par mes soins, je me dépêchai de m'éloigner de la fontaine à reculons, trottinant un peu. Cette fois-ci, il n'y avait aucun doute et je riais bel et bien tout en m'éloignant toujours plus de Nastran. J'étais maintenant à quelques mètres, partiellement caché derrière un arbre à sautiller sur place. Cette posture me rappelait celle que j'avais toujours lorsque les gardes me poursuivaient et que j'étais plus ou moins coincé. J'ignore pourquoi j'avais une telle attitude. Peut-être était-ce pour me préparer à courir plus vite que ce que j'avais bien pu faire jusque là. Quoiqu'il en soit, maintenant que j'avais réussi à amener Nastran en dehors de sa chambre - et pour la mener à un autre endroit que la bibliothèque ou le laboratoire, qui plus est -, je n'allais pas m'arrêter en si bon chemin. Je voulais lui faire découvrir d'autres choses. Quelque part, c'était mon quotidien que je lui montrais là. Cela dit, c'était moins instructif que les livres qu'elle pouvait lire. Peut-être moins intéressant pour elle, aussi. Peut-être pour pousser la provocation un peu plus loin, mes mains se levèrent devant moi, doigts écartés à leur maximum.

      - Tu as vu, Nastran ? Même toutes propres, mes mains ne sont pas aussi pâles que les tiennes !

      S'intéresser à tout et n'importe quoi était quelque chose que Nastran affectionnait, alors peut-être apprécierait-elle cette remarque, même si par son intermédiaire, je lui signifiais avoir remarqué l'instant pendant lequel elle s'était dégantée. Sautillant encore, mon corps se décala progressivement pour se retrouver à côté de l'arbre, cette fois. Mes mouvements cessèrent soudainement alors que j'étais accroupi. Pieds joints, bras ballants devant moi et mains effleurant le sol sans y prêter grande attention, j'avais une posture atypique tout en fixant Nastran. Ma tête était penchée sur le côté gauche tout en étant sensiblement basculée en arrière alors qu'un sourire agaçant étirait mes lèvres. Là, c'était la posture que j'avais lorsque les gardes ne m'avaient pas encore remarqué, que je m'ennuyais, et que j'avais besoin d'être poursuivi pour me changer les idées. Si cette posture semblait être désavantageuse - notamment parce que j'étais en contrebas ; notamment parce que j'avais un équilibre relatif -, elle avait un avantage important : ainsi, je disposais d'une puissante impulsion pour partir directement en courant. Là plupart du temps, c'est ce que je faisais en partant directement en arrière, mais, bien évidemment, ça n'avait aucun intérêt si, derrière moi justement, il y avait une impasse. Quoi qu'il m'était possible de partir aussi en avant tout en restant à raz-de-terre pour échapper aux mains crochues des gardes... Bref.

      - Tu m'attrapes, petite magicienne ?
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    Nastran Shams-Sabah

    Nastran Shams-Sabah

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    MessageSujet: Re: Visite Coutumière   Visite Coutumière EmptyJeu 23 Déc 2010, 00:41

      Qui ne connaissait pas la magicienne rirait d'elle. Pas forcément par méchanceté, tout simplement parce qu'elle était différente. Elle n'avait rien à voir avec les gens qui vivent normalement. Sans doute n'auraient-ils pas pris la peine de comprendre son enthousiasme, ni d'éprouver autant de bienveillance que Shahbaz. Ce dernier avait été jusqu'à jouer le jeu - bien sûr, elle n'était pas dupe, même si elle n'avait pas relevée cette action. Il y avait tant de choses à voir ! La poussière qui plane au soleil, les fourmis faisant des réserves d'insectes morts, une chrysalide vide. . . Elle en oubliait presque sa tenue surchargée qui l'empêchait de faire des mouvements avec facilité. A moitié essoufflée, elle ne s'arrêtait pas de courir à droite et à gauche avec des " Oh " et des " Ah " et des " Shahbaz regarde ! ! " chaque fois qu'elle était surprise, soit quasiment toute les secondes. Nastran en avait la tête qui tournait, heureusement qu'elle avait cessé sa course pour s'intéresser à l'écorce d'un arbre. Elle avait continué avec une question parfaitement Nastranienne, à laquelle Shahbaz chercha une réponse, interrompant sa dégustation.

      Il l'invita à la suivre par un signe de tête, ce qu'elle fit. A force de marcher autant, elle se rendait compte qu'en moins d'efforts il faisait bien plus de pas qu'elle. Au lieu de prendre son temps, elle trottinait légèrement pour garder la même hauteur que lui, le bruit de l'herbe étouffant ses pas. Il s'arrêta près d'une fontaine, quand à elle son retrait fut nettement plus large. Les mains derrière le dos, elle l'attendait. Il semblait pris dans quelques pensées, par politesse elle ne l'interrompait pas. La magicienne espérait à ne pas devoir s'approcher davantage ; elle évitait constamment son reflet. A l'instant, elle avait les main crispées. L'idée de croiser le Monstre, ne serait-ce qu'une fraction de seconde, ébranlait son coeur et lui nouait la gorge. Tandis que le jeune homme prenait plaisir à jouer avec l'eau, elle patientait sagement. Il se rafraîchit, tout sourire, puis rompit le silence. Elle suivait ses gestes avec attention. Que peut valoir cette attente ? Eh bien. . . une farce, des paroles et un jeu.

      En peu de temps, Shahbaz avait éclaboussée la petite demoiselle et s'était retiré en riant, tout content de sa blague. Nastran avait bien essayé de l'éviter, seulement il était trop tard et elle fut touchée. En deux secondes le voleur s'était métamorphosé en petit garçon. Évidemment, la jeune femme comptait répliquer, cet acte méritait vengeance ! ! Mais elle devrait trouver autre chose, car il était hors de question pour elle de s'approcher de l'eau. Rien que pour prendre son bain elle se débrouillait pour ne pas se croiser, ce n'était pas pour s'amuser qu'elle prendrait le risque. Avant l'assaut, une remarque fut lancée, ce qui l'arrêta un court instant.

      Était-ce mal d'avoir les mains pâles ? Sûrement. . . Rares furent les fois où elle rencontra quelqu'un de blême, c'était un cas anormal en ces contrées réchauffées toute l'année. Donc. . . grande nouvelle, Nastran n'était pas normal. Cela lui ficha un coup au moral, oppressant son coeur. En même temps, elle le savait. Seulement avec Shahbaz, elle avait tendance à l'oublier. Il est vrai qu'il n'avait pas l'attention de la blesser, il ne pouvait même pas deviner l'impact de ses paroles. Et comme il semblait l'ignorer encore, elle se força à s'ignorer à son tour. Personne ne voyait Nastran pleurer, elle avait appris à se cacher, jusqu'à feindre la bonne humeur.

      La petite magicienne partit en quête de son assaillant. Elle était bien moins rapide, un peu agile, par conséquent cela ne suffit pas à rattraper le bellâtre. Ce jeu du chat et de la souris affectait sensiblement la fierté de la jeune femme. Elle n'aimait pas être la deuxième ou la perdante, malgré cela elle devait se résoudre à sa défaite. Surtout lorsque sa robe la gêna tant qu'elle finit par marcher dessus et se retrouver au sol. Elle reprit son souffle, constatant sa lassitude. Le voleur était très rapide. Ce n'était pas une surprise. Ce qui en était, c'était l'acharnement de Nastran à vouloir le rattraper. Quand bien même elle y serait arrivée, elle aurait été incapable de le toucher. Une perdante sous toutes les coutures. Un brin boudeuse, elle se releva et s'épousseta.


      « C'est bon, Tu as gagné. Nastran reconnaît ta victoire. »

      A son niveau, elle s'était relevée trop vite. Sa tête commençait à lui tourner. Cela ne parut pas puisqu'elle préservait une attitude plutôt normale. Contrairement à cette apparence, elle ressentait une faiblesse de plus en plus intense, jusqu'à ne plus sentir de force pour soulever un mouchoir ( ben oui, c'est Nastran ). Ses battements diminuaient, et cette fois-ci son coeur se serra vraiment, non à cause du stress ou d'une mauvaise émotion. Sa vision aussi commençait à la trahir, se troublant légèrement. Pudique, elle se retourna pour respirer plus fort, s'oxygénant au mieux. Ce pourrait être la plus critique des situations que sa timidité ne chercherait pas à se cacher.

      « Nastran est désolée, s'excusa-t-elle, toujours de dos. Elle a oublié de se soigner. »

      Si on se mettait à comparer Shahbaz et la magicienne, on se rendrait compte d'une multitudes de différences. Particulièrement du point de vue de la jeune femme ; il est grand, beau, fort, en bonne santé, gentil, courageux. . . Elle souhaitait souvent que les dieux le préservent. Elle n'était pas jalouse, malgré que l'envie pointait son nez de temps à autres. Pour cacher sa gêne, elle fit à nouveau face au voleur puis rit doucement. Il ne devait pas être au courant de sa santé, ils ne se voyaient pas aussi longtemps d'habitude. Pour faire diversion, elle ajouta :

      « Derrière-toi, il y a un passage, sous les roses de porcelaine. Tu peux le savoir car elles ne dégagent pas d'odeur, il suffit de bien chercher. Le seul ennui est que la débouchée est close. De toutes façons, elle mène au désert par un puis sec. »

      Elle termina en haussant les épaules, supposant le peu d'importance qu'avait, finalement, cette révélation. Les fleurs gardaient donc un passage presque inutile, bien qu'il pouvait servir un jour, on ne sait jamais. Chaque fois qu'elle se rappelait de ce passage, Nastran pensait à la fleur qui disait pouvoir se défendre d'un tigre par la force de ses épines. Elle est si mignonne cette rose, si naïve, qu'on avait envie de la protéger et de rire d'elle en même temps. Elle soupira avant de reprendre la parole :

      « Si tu le veux, tu peux rester, mais Nastran ne pourra pas te tenir compagnie plus longtemps. Elle a quelques affaires à régler. Bien sûr, les baigneuses seront ravies de te voir. Elles demandent souvent de tes nouvelles à Nastran. »

      Puis elle quitta son hôte, jetant de temps à autres des regards intrigués sur le décor. Elle étudiait le paysage tout en cherchant quelque chose, quelques fauves qui auraient eu l'idée de se promener à cette heure-ci. Seulement ils préféraient faire la sieste plutôt que de surveiller l'arrivée impossible de leur maîtresse dans les jardins. Tout à la fois, elle regrettait de délaisser Shahbaz ainsi, c'était pour elle un grand manque de courtoisie et de considération. Il avait pris la peine de rester, l'accompagner, faire la conversation, pour finalement se retrouver presque seul. Si cela n'avait pas été pour ses cachoteries, elle aurait demeuré plus longtemps.
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